La Russie met en garde contre toute tentative d’instrumentalisation de l’insurrection du groupe Wagner
« Nous mettons en garde les pays occidentaux contre toute allusion à une éventuelle utilisation de la situation intérieure russe pour atteindre leurs objectifs russophobes », a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué publié sur son site officiel.
De telles tentatives sont vaines et ne trouveront pas réponse en Russie ou parmi les forces politiques à l’étranger, a relevé la diplomatie russe, se disant convaincue que la situation sera réglée dans un avenir proche.
« Notre pays poursuivra sa course souveraine pour assurer sa sécurité, protéger ses valeurs, renforcer son prestige sur la scène internationale et former un ordre mondial multipolaire juste », a affirmé le ministère, assurant que « tous les buts et objectifs de l’opération militaire spéciale seront atteints ».
Dans la nuit de vendredi à samedi, le patron de Wagner est entré en rébellion avec les 25.000 hommes revendiqués par son groupe, après avoir accusé l’armée régulière d’avoir bombardé ses troupes.
Le ministère russe de la Défense a démenti ces allégations et le parquet général russe a annoncé l’ouverture d’une enquête pour « mutinerie armée » contre le chef du groupe Wagner.
La Maison Blanche et de nombreux pays européens (France, Italie, Allemagne, Suède, Norvège, Danemark, Belgique, Roumanie, Pologne) ont réagi à la situation en Russie, assurant, par la voix de leurs services gouvernementaux ou de ministres, par communiqués ou sur Twitter, « suivre la situation de très près » ou « très attentivement ».
Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a appelé toutes les parties à faire montre de responsabilité et à « protéger les civils », tandis que la vice-présidente bulgare, Iliana Malinova Iotova, a qualifié la situation d' »extrêmement préoccupante », selon l’agence de presse bulgare.
Sur sa chaîne Telegram, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a qualifié l’insurrection d’incident qui « illustre la faiblesse de la Russie », tandis que son ministre de la Défense, Oleksiy Reznikov, a estimé qu’il s’agit d’une « opportunité » pour l’Ukraine.
Dans la journée, le président Vladimir Poutine a eu une série d’entretiens téléphoniques avec ses homologues biélorusse Alexandre Loukachenko, kazakh Kassym-Jomart Tokaïev, et turc Recep Tayyip Erdoğan concernant les derniers développements de l’insurrection armée de Wagner.
Dans la matinée, le patron de Wagner a affirmé avoir pris le contrôle de Rostov-sur-le-Don, un important centre logistique de l’armée russe situé à 1.200 km au sud de Moscou.
Quelques heures plus tard, des colonnes Wagner auraient été aperçues dans la région de Voronej, à 600 kilomètres au sud de Moscou, puis dans la région voisine de Lipetsk, située à 420 kilomètres de la capitale.
Les autorités russes ont annoncé un renforcement des mesures de sécurité dans plusieurs villes et régions russes dans la foulée de l’insurrection.
Ainsi, un régime d’opération antiterroriste a été introduit à Moscou et sa région « afin de prévenir d’éventuels actes terroristes ». Le maire de la ville, Sergueï Sobianine, a également annoncé sur Telegram que lundi sera un jour chômé.
Le président russe a qualifié de « trahison » et de « coup de poignard dans le dos », l’insurrection menée par Prigojine.
La relation entre Evgueni Prigojine et le Kremlin est marquée par de nombreuses crispations ces derniers mois, le patron de Wagner n’hésitant pas à critiquer Moscou publiquement, l’accusant notamment de ne pas envoyer assez d’armes.