Législatives en Italie : l’extrême droite aux portes du Palazzo Chigi
« Nous gouvernerons pour tous les Italiens », a déclaré Mme Meloni, en pole position, devant un parterre de plus de 400 journalistes italiens et étrangers venus suivre la soirée électorale à l’hôtel romain Parco dei Principi.
Sur une scène encadrée d’écrans géants, séparés par un grand ruban de triomphe tricolore aux couleurs du drapeau italien, la prétendante, dont la formation politique n’a cessé de susciter la polémique pendant la campagne, prône l’unité et la responsabilité face aux inquiétudes exprimées dans son pays et à l’étranger.
“Si nous sommes appelés à gouverner la nation, nous le ferons pour tout le monde. Nous chercherons à unir plutôt qu’à diviser. C’est le temps de la responsabilité”, rassure Mme Meloni, vêtue en blanc, de quoi apaiser les regards et les esprits après une soirée pleine d’émotions.
En restant dans l’opposition à tous les gouvernements qui se sont succédés depuis les législatives de 2018, le FDI s’est imposé comme la principale alternative, passant de 4,3% à un quart des voix, selon un sondage de l’institut Opinio pour la Rai. Il devrait recueillir entre 22 et 26% des voix, tandis que ses partenaires de la coalition, la Ligue d’extrême droite de Matteo Salvini et le parti conservateur Forza Italia (FI) de Silvio Berlusconi, devraient récolter respectivement entre 8,5 et 12,5% et entre 6 et 8% des votes.
La coalition récolterait au total environ 43% des suffrages, ce qui lui assure la majorité absolue des sièges aussi bien à la Chambre des députés qu’au Sénat. Pour la première fois depuis 1945, un parti d’extrême droite pourrait ainsi gouverner l’Italie.
« Les Italiens ont envoyé un message clair en faveur d’un gouvernement de droite, dirigé par Fratelli d’Italia », a réagi Mme Meloni, affirmant ainsi son ambition de devenir Première ministre.
Après une campagne qu’elle a qualifiée de “violente », cette romaine de 45 ans est parvenue à esquisser son image et rassembler autour de son nom les peurs et les colères de millions d’Italiens face à la flambée des prix, au chômage, aux menaces de récession ou à l’incurie des services publics, faisant barrage à la gauche d’Enrico Letta, qui devra se contenter d’un score oscillant entre 17 et 21%.
Arrivé troisième, selon les sondages, le Mouvement 5 Etoiles obtiendrait, pour sa part, entre 13,5 et 17,5% des voix, en chute par rapport à son score historique de plus de 30% en 2018.
Décidé à la dernière minute suite à la démission de Mario Draghi dans un contexte économique et géopolitique tendu, le scrutin a été marqué par un taux de participation en berne. A 23h, 64,67 % des électeurs ont voté, a indiqué le ministère de l’Intérieur sur son site Internet, contre 73,68% pendant la même période lors des législatives de 2018.
« Je regrette le taux d’abstention. Le défi maintenant est de reconstruire la relation entre les institutions et les citoyens », a commenté la dirigeante de FdI. Sans expérience gouvernementale, à part un passage éphémère au ministère de la jeunesse (2008-2011), Mme Meloni aura, en cas de confirmation de ces résultats, à gérer nombre de dossiers épineux sur la table, notamment la dette, la hausse des prix et les réformes dictées par Bruxelles dans le cadre du plan de relance.
Après le dernier mot du ministère de l’Intérieur, prévu ce matin, un nouveau gouvernement sera nommé dans les jours à venir, mais le chemin peut traîner en longueur. Dans le passé, ce processus a pris entre un peu moins de quatre et douze semaines. La seule échéance sûre pour le moment est celle de la première réunion du nouveau Parlement, prévue au plus tard le 15 octobre.