Italie: la taxe sur « les superprofits » au centre de la rentrée économique
Élections ou pas, la taxation des « superprofits » continue de cristalliser les débats à la fois sur la scène politique que dans les milieux économiques transalpins.
En janvier dernier, le Premier ministre italien, Mario Draghi, a budgétisé 52 milliards d’euros pour aider les entreprises et les ménages confrontés à la hausse “vertigineuse” des factures énergétiques. Entre 10 et 11 milliards d’euros du paquet total devaient initialement être financés par une taxe exceptionnelle de 25% sur les groupes énergétiques ayant bénéficié de la flambée des prix. Après huit mois, nombre d’entreprises refusent de passer à la caisse.
Face à la montée de l’inflation et la récession du pouvoir d’achat, l’Italie a été parmi les premiers pays européen à mettre en place, dès le printemps 2022, un impôt exceptionnel pour financer des mesures d’aide aux plus précaires. « Redistribuons cet argent aux entreprises et aux familles qui sont en grande difficulté », avait déclaré le PM démissionnaire.
L’argent récolté grâce à ce nouvel impôt entend financer un train de mesures destinées à alléger la flambée des prix de l’énergie pour les ménages et les entreprises. L’enveloppe comprend notamment un bonus de 200 euros pour 28 millions d’Italiens ayant des revenus inférieurs à 35.000 euros annuels.
L’inflation s’établissait à 8% en juin sur un an, en augmentation de plus d’un point par rapport au mois précédent, selon les données fournies par l’institut national de statistiques italien (Istat). C’est le plus haut niveau atteint depuis janvier 1986.
Dans le cadre de ce dispositif, les entreprises énergétiques devaient verser un acompte de 40% d’une valeur de plus de 4 milliards d’euros avant la fin du mois de juin. Mais des milliers d’entre elles ont refusé de payer la totalité du montant. Résultat: Rome n’a perçu qu’environ 2 milliards d’euros de cette taxe “contestée” sur les bénéfices exceptionnels des entreprises du secteur de l’énergie.
En réponse, le chef du gouvernement a approuvé une mesure stipulant que l’acompte serait assorti d’une majoration de 30 % s’il était payé avant le 31 août, après quoi il passerait à 60 %.
Malgré les délais, le Trésor a estimé avoir reçu moins d’un milliard d’euros à la fin juin et seulement un milliard supplémentaire au 31 août. Les entreprises énergétiques ont, de leur côté, estimé que “la mesure était lourde”, notant qu’”eux même sont impactés par la crise”.
La problématique a suscité l’inquiétude des milieux économiques, qui redoutent un manque à gagner potentiel de “plusieurs milliards”. Cette taxation exceptionnelle destinée aux producteurs d’énergie a par ailleurs reçu le soutien de l’OCDE, la Commission européenne et l’Agence internationale de l’énergie, à des degrés divers.
Depuis la démission le 21 juillet de M.Draghi, le gouvernement continue à expédier les affaires courantes, en attendant les élections législatives anticipées, lesquelles ont conduit ce 25 septembre la coalition conservatrice, menée par l’extrême droite, aux portes du pouvoir.