L’Assemblée nationale a entamé lundi la dernière ligne droite de l’examen du projet de budget 2021, marquée par la mobilisation de plus de 20 milliards d’euros d’aides d’urgence pour les secteurs les plus touchés par la crise du Covid-19.
Le budget, examiné en deuxième lecture, doit être définitivement adopté en fin de semaine. Le gouvernement avait annoncé vendredi dernier des moyens supplémentaires pour les secteurs sinistrés.
Parmi les plus de 20 milliards annoncés, 11,4 milliards d’euros doivent être consacrés au chômage partiel contre 6,5 milliards prévus initialement. Et 7 milliards d’euros, dont 5 milliards de nouveaux crédits, abondent le fonds de solidarité pour les entreprises toujours fermées ou au ralenti début 2021.
A la tribune de l’Assemblée, Bruno Le Maire a affiché le « soutien total » du gouvernement à tous les « restaurateurs de France », alors qu’une manifestation de la profession se tenait non loin du Palais Bourbon.
« Il n’y a pas une minute à perdre pour engager la relance économique », a par ailleurs souligné le ministre de l’Economie, en insistant sur le programme de rénovation énergétique des bâtiments publics et l’objectif « de créer en deux ans 20.000 emplois » dans ce secteur.
Avant la séance, le groupe socialiste avait redit ses griefs contre le budget lors d’un point presse. Sa cheffe de file Valérie Rabault considère que les jeunes et les plus précaires sont les « grands oubliés » du plan de relance et reproche au gouvernement l’absence d’une « contribution des plus aisés » face à la crise, comme le rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune.
« Le gouvernement refuse tout début de débat sur cette question, c’est une erreur politique majeure », a-t-elle dénoncé. Chez LFI, Eric Coquerel redoute un « cyclone social ».
Au sujet des « plus modestes », « je ne laisserai pas dire que cette majorité ferait tout pour les entreprises », et « rien pour les salariés » et « les plus fragiles », c’est « tout simplement un mensonge », a répliqué Bruno Le Maire dans l’hémicycle.
Le « dispositif d’indemnisation du chômage partiel » est « le plus généreux d’Europe », a-t-il affirmé, avant d’égrener les mesures d’aides mises en place face à la crise.
A droite, le président de la commission des finances Eric Woerth (LR) a réclamé de « stabiliser la dette » et plaidé pour des « réformes structurelles », car « quelqu’un va payer un jour ».
Face à la crise, le rapporteur spécial du budget, Laurent Saint-Martin a dit assumé « la pompe à endettement ».
Vieux routier des débats budgétaires, Charles de Courson (Libertés et Territoires) a ironiquement attribué une « grand croix de la dette publique », en chocolat, au ministre des Comptes publics, Olivier Dussopt, avant de dresser un réquisitoire de future loi de finances: « aucune économie structurelle », volet social et écologique jugés « insuffisants ».
Dans l’hémicycle, le gouvernement et le rapporteur du budget se sont appliqués à détricoter les ajouts du Sénat en faisant revenir le texte à sa version adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale.
La discussion s’est cependant animée lorsque gauche et droite se sont opposés, sans succès, aux gouvernement et rapporteur désireux de supprimer une mesure adoptée par le Sénat visant à taxer les géants du numérique en fonction de leur nombre d’utilisateurs.
Même scénario lorsque Laurent Saint-Martin et Olivier Dussopt souhaitant raboter durée et périmètre d’un crédit d’impôt au bénéfice du spectacle vivant gonflés par la Haute assemblée, ont dénoncé les mauvais procès des oppositions.