Coronavirus: Macron annonce un soutien « massif » au secteur automobile
Avant la nouvelle phase de déconfinement dont les détails sont attendus cette semaine, l’Etat porte mardi ses efforts sur la lutte contre les conséquences économiques de la crise du coronavirus, avec un plan de soutien « massif » à la filière automobile, durement touchée après deux mois de confinement.
Le président Emmanuel Macron se rend dans l’après-midi dans une usine de l’équipementier Valéo à Etaples, près du Touquet (Pas-de-Calais), pour annoncer un plan qui touche, selon une source proche de l’exécutif, à « la souveraineté industrielle », à la transition vers les véhicules propres et à la préservation de la compétitivité du secteur, qui représente 400.000 emplois directs.
« La crise sanitaire a porté un coup d’arrêt massif et brutal à la filière automobile française. C’est une part de notre économie, ce sont des milliers d’emplois. Notre soutien va être massivement amplifié », a indiqué le chef de l’Etat sur Twitter mardi.
Avant son déplacement, il recevait en début de matinée Jean-Dominique Sénard, le PDG de Renault, trois jours avant le dévoilement du plan d’économies de deux milliards d’euros du groupe en difficulté, dont l’Etat détient 15% des parts.
Marché divisé par quatre
Emmanuel Macron, dont la popularité chute (-7) après une embellie au début de la crise sanitaire, selon un sondage mensuel Odoxa mardi, doit ensuite s’entretenir avec les acteurs de la filière automobile (constructeurs, équipementiers et partenaires sociaux).
Il fera le point sur l’impact de la crise et les moyens d’en sortir, alors que le marché automobile européen a été divisé par quatre en avril après une chute de moitié en mars, comparé à l’an dernier.
Pour repousser le spectre des faillites et des licenciements dans l’ensemble de l’économie, le gouvernement a annoncé dimanche 3 milliards d’euros d’exonérations de cotisations sociales pour les secteurs les plus touchés comme la restauration, le tourisme, la culture ou le sport.
Ce coup de pouce concernera 500.000 entreprises et alourdira la dette au-delà du seuil de 115% du produit intérieur brut, a prévenu le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin.
Le gouvernement va en revanche réduire la prise en charge par l’Etat du chômage partiel afin de soutenir la reprise économique: dès le 1er juin, les entreprises devront payer 15% de cette indemnisation.
Sur le front sanitaire, la tension retombe un peu. Le bilan s’élevait lundi soir à 28.457 morts en France depuis le 1er mars, tandis que le nombre de malades en réanimation était descendu à 1.609.
« Indicateurs plutôt favorables »
« Les indicateurs sont plutôt très favorables », a relevé la directrice générale de Santé Publique France Geneviève Chêne, soulignant que « la circulation du virus reste faible ».
« La première vague est finie, c’est certain », même s’il est « beaucoup trop tôt » pour dire que l’épidémie est derrière nous, a renchéri le Pr Antoine Flahaut, directeur de l’Institut de santé globale de l’université de Genève.
Après le feu vert mardi de la Cnil, l’application de traçage StopCovid, qui permettra à ses utilisateurs d’être alertés s’ils ont croisés une personne touchée par le Covid-19, pourrait être téléchargeable dès ce week-end, « sous réserve du vote au Parlement », indique dans Le Figaro Cédric O, le secrétaire d’Etat au numérique.
Une étude rassurante de l’Institut Pasteur montre qu’une très grande majorité des personnes qui avaient contracté une forme légère de Covid développent des anticorps capables de neutraliser le virus.
Dans ce contexte sanitaire un peu moins sombre, le gouvernement devrait apporter jeudi des précisions sur la suite du déconfinement et les grandes vacances.
Au menu: le sort des lycéens et de l’oral du bac de français, mais aussi de possibles aménagements de la règle limitant les déplacements dans un rayon de 100 km, ou encore la réouverture des bars et restaurants ou celle, progressive, des cinémas.
Alors que les soignants démontrent qu’ils ne se contenteront pas d’applaudissements quotidiens, le gouvernement s’est employé lundi à gagner leur confiance en lançant le « Ségur de la santé », vaste concertation se proposant, selon Edouard Philippe, d’améliorer « dans les tout prochains mois » les conditions de travail et la rémunération des soignants.
Le temps de travail « pas un tabou »
Face à plus de 300 représentants des syndicats, collectifs, directeurs d’hôpitaux et d’Ehpad, mais aussi des libéraux, le Premier ministre a indiqué que « cette concertation générale (…) débouchera sur des décisions en juillet », afin de « change(r) le quotidien des personnels soignants dans les tout prochains mois ».
Cela se traduira par une « revalorisation significative » des rémunérations et du budget de l’Assurance maladie « dans les années à venir », ainsi que par « un vaste plan d’aide à l’investissement », en plus d’une « reprise massive de dette » déjà annoncée en novembre.
Pour faire « bouger les lignes » et « lever les contraintes de toute nature », le chef du gouvernement a prévenu que « la question du temps de travail n’était pas un tabou ».
Les négociations, sous la houlette de l’ancienne dirigeante de la CFDT Nicole Notat, se tiennent selon un calendrier serré, et sous la pression de soignants aguerris après des mois de grève et plusieurs manifestations.
Tous ont en tête le « plan massif d’investissement et de revalorisation » promis fin mars par Emmanuel Macron. « Monsieur le président, montrez-nous qu’on peut compter sur vous », exhorte un collectif de soignants dans une lettre publiée par Libération.
Exemple souvent cité, un infirmier français est payé environ 1.500 euros net en début de carrière, soit 1,2 Smic, un des ratios les plus bas des pays riches de l’OCDE.