L’éventuelle reprise du club anglais de Newcastle par des fonds saoudiens continue de faire des vagues: après l’organisation non-gouvernementale Amnesty International, c’est au tour mercredi du groupe audiovisuel qatari BeIN de réclamer à la Premier League une enquête en raison, cette fois, d’un différend commercial.
Dans un courrier adressé aux présidents et dirigeants des clubs du Championnat d’Angleterre, BeIN les exhorte à faire pression sur la Ligue professionnelle anglaise pour qu’elle ouvre une enquête afin de déterminer si les représentants saoudiens sont « les bonnes personnes » pour diriger Newcastle.
« Ma requête est simplement basée sur le rôle du gouvernement d’Arabie saoudite dans le passé et le vol continu d’intérêts commerciaux au détriment de votre club, de la Premier League, des partenaires en charge de la diffusion TV et du football en général », écrit dans ce courier Yousef Al-Obaidly, le président de BeIN Sports.
« Ce n’est pas une exagération de dire que le futur modèle économique du football est en jeu », ajoute-t-il.
BeIN affirme que l’Arabie saoudite a mis en place depuis 2017 un système de diffusion pirate reprenant les images des dix chaînes sportives du groupe qatari pour les retransmettre dans les pays du monde arabe via satellite.
Ce service baptisé BeoutQ a depuis officiellement cessé ses retransmissions par satellite, mais BeIN affirme que les décodeurs et « box » distribués permettent toujours d’accéder aux programmes via internet.
Selon la presse britannique, un consortium saoudien, dans lequel apparaît le prince héritier Mohammed ben Salmane, a versé une avance non remboursable de 17 millions de livres (19,5 M EUR) au propriétaire de Newcastle, Mike Ashley, dans le cadre d’une offre de rachat de 300 M GBP (345 M EUR).
La Premier League doit maintenant vérifier que les acquéreurs potentiels remplissent ses critères par une série d’examens des actionnaires et des futurs dirigeants.
Mardi, Amnesty International, ONG qui lutte pour le respect des droits de l’homme dans le monde, a écrit au président de la Premier League, Richard Masters.
« Tant que ces questions (sur les droits de l’homme en Arabie saoudite) ne seront pas réglées, la Premier League risque d’être bernée par ceux qui veulent utiliser le prestige et le glamour de la Premier League pour couvrir des actions profondément immorales », a prévenu Amnesty.
L’Arabie saoudite, comme le Qatar avant elle, investit depuis plusieurs années dans le sport, en organisant des compétitions sportives d’envergure, pour diversifier son économie ultradépendante de la rente pétrolière et redorer son image.