Contre le « séparatisme », Macron responsabilise les associations
Emmanuel Macron a placé mardi les associations en première ligne dans la lutte contre « le séparatisme islamiste », en annonçant des moyens supplémentaires et le renforcement des contrôles pour éviter qu’elles ne fassent « le lit du radicalisme ».
Une semaine après avoir annoncé de premières mesures à Mulhouse, le chef de l’Etat a reçu pendant trois heures à l’Elysée les responsables de six grands réseaux d’éducation populaire et de trois associations locales pour les « remobiliser » dans « leurs actions de terrain pour faire reculer le séparatisme », a indiqué la présidence.
Pour les soutenir, il a annoncé le déblocage de 100 millions d’euros supplémentaires sur trois ans pour le dispositif « cités éducatives », qui concerne près de 450.000 jeunes dans 80 territoires.
Sont également prévus le recrutement de 1.000 « adultes-relais » supplémentaires dans les quartiers en difficulté, le financement de 750 postes de coordinateurs associatifs (dispositif FONJEP), le versement de 45 millions d’euros pour le programme Tremplin Asso sur trois ans, ainsi que la simplification des démarches de recherche de financement.
Le gouvernement a été critiqué ces dernières années par les associations pour les coupes budgétaires dans la politique de la ville au début du quinquennat.
– « contrôle et sanction » –
Au cours de la réunion, Emmanuel Macron a dit vouloir « renforcer les outils de contrôle et de sanction pour s’assurer du respect des valeurs républicaines par les associations bénéficiant de financements publics », selon son entourage.
Pour cela, sera systématisée la signature de « contrats républicains » qui conditionneront les aides publiques au respect des principes de la République. « En cas de non-respect, l’Etat ou la collectivité pourront demander la restitution de la subvention », précise l’Elysée, en indiquant qu’une « disposition législative sera proposée dans le projet de loi à venir ».
Le gouvernement entend par ailleurs renforcer l’enseignement des « valeurs de la République et de la laïcité » dans les formations des acteurs de terrain, comme celle du Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur (Bafa).
Pour le président de la Ligue de l’enseignement, Joël Roman, l’Etat doit « instaurer enfin un vrai travail avec le monde associatif » car ce dernier a « un savoir-faire » dans ces domaines. « L’Etat ne peut pas tout faire tout seul », a-t-il souligné dans le quotidien La Croix.
Emmanuel Macron a prévu de continuer à décliner la stratégie sur plusieurs semaines, avant et après les municipales des 15 et 22 mars, avec un deuxième déplacement lié à la politique de la ville envisagé la semaine prochaine en Ile-de-France.
A Mulhouse, il avait précisé qu’il ne s’agissait pas d' »un plan contre l’islam », qui serait « une faute profonde ». « Notre ennemi est le séparatisme », a-t-il insisté, en annonçant l’arrêt de l’accueil des « imams détachés » envoyés par d’autres pays, comme la Turquie et l’Algérie, ou le contrôle renforcé des financements étrangers des lieux de culte.
Des mesures critiquées par les oppositions, notamment à droite, où elle ont été jugées « largement insuffisantes », selon Valérie Pécresse, la présidente ex-LR de la région Île-de-France.
Les six réseaux présents à la réunion étaient la Fédération Léo Lagrange, le Mouvement Associatif, la Ligue de l’Enseignement, la Confédération des MJC, l’Association de la Fondation pour la Vie Étudiante pour la Ville (AFEV) et Unis-Cités – ainsi que trois associations locales – Citoyenneté Possible (Seine-Saint-Denis), Décider (Essonne) et Ancrages (Bouches-du-Rhône).
A l’Assemblée nationale, les députés LREM ont présenté mardi leurs axes de travail contre le « séparatisme », en proposant notamment de « former les imams en France ».