"La Torah interdit de vendre à un étranger une maison ou un champ de la Terre d’Israël (Eretz Israël)", écrivent les rabbins dans une lettre publique dont l’AFP a obtenu copie.
"Quiconque vend ou loue un appartement dans un quartier où vivent des juifs cause un grand tort à ses voisins, vu que le mode de vie (des non-juifs) est différent de celui des juifs, qu’ils nous persécutent et viennent s’immiscer dans notre existence", écrivent les signataires de la lettre.
Le manifeste est signé par des rabbins orthodoxes, employés de l’Etat pour assurer les services religieux (dont les mariages) dans les localités d’Israël et dans les colonies juives.
Plusieurs des signataires — mais pas tous — sont des figures de proue du nationalisme religieux, connues pour leurs positions extrémistes.
L’appel intervient après que le principal rabbin de Safed (nord d’Israël), Shmuel Eliahu, et d’autres religieux ont appelé en octobre les habitants de la ville à ne pas louer ou vendre des appartements à des Arabes.
Cet appel, qui visent principalement les Arabes d’Israël, a toutefois été critiqué par d’autres rabbins, y compris orthodoxes.
Dans une tribune publiée par le Yédiot Aharonot, le rabbin d’un kibboutz, Yehuda Gilad, assure qu’il se sent "honteux en tant que juif pieux" à cause de la lettre des 50 rabbins.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le président Shimon Peres et le président du Parlement Reuven Rivlin ont fermement condamné le manifeste.
Le ministre sans portefeuille Benny Begin, fils de l’ex-Premier ministre Menahem Begin, a dénoncé jeudi cette initiative "déplorable" qui "porte atteinte à une minorité".
L’appel a déclenché les protestations des Arabes israéliens et les critiques d’associations de défense des droits de l’Homme.
"Il s’agit d’un appel raciste par excellence", a protesté le député arabe israélien Mohammed Barakeh dans un communiqué, en appelant le conseiller juridique du gouvernement à "ouvrir une enquête sur ce gang et à le traduire en justice".
"Sur cette terre, nous ne sommes les hôtes de personne, ni sous la protection ou la tutelle de quiconque. Nous le répétons, nous n’avons pas immigré ici mais c’est Israël qui est venu s’installer chez nous et personne ne peut nous en arracher car nous racines sont profondes", souligne M. Barakeh.
La communauté des Arabes israéliens, descendant des 160.000 Palestiniens restés sur leur terre après la création de l’Etat juif en 1948, compte 1,3 million de personnes, soit 20% de la population d’Israël.
Elle souffre de discriminations, notamment en ce qui concerne l’emploi et l’achat d’appartements dans des localités juives.