Le détenu cannibale devant les assises
Nicolas Cocaign, soupçonné d’avoir tué et mangé un bout de poumon d’un co-détenu à la prison de Rouen (France) en janvier 2007, comparaît depuis lundi matin devant la cour d’assises de Seine-Maritime. Il encourt la prison à perpétuité.
Un soir du 2 janvier, les deux détenus, qui partagent la même cellule, se querellent à propos de l’hygiène de la pièce. Nicolas Cocaign, alors âgé de 35 ans, reproche à Thierry Baudry, 41 ans, d’avoir bouché les toilettes avec des rouleaux de papier.
Les deux hommes en viennent rapidement aux mains et le troisième détenu de la cellule, David Lagrue, 36 ans, parvient à les séparer. Le conflit s’apaise mais dans la soirée, Nicolas Cocaign croit percevoir «un air fusilleur» dans le regard de Thierry Baudry. Ressentant alors une «pulsion d’agressivité», comme il le raconte lui-même, il se jette sur son co-détenu et le frappe à coups de pieds, de poings et de genoux sur le visage et le ventre.
Un troisième détenu assiste à la scène
Mais Thierry Baudry ne se laisse pas faire, ce qui déclenche une plus grande agressivité encore chez Nicolas Cocaign, qui explique avoir alors ressenti «une jouissance intérieure identique à une jouissance sexuelle». Il s’empare alors de ciseaux et frappe une dizaine de fois le co-détenu, avant de l’achever en l’étouffant avec des sacs poubelles. Devant les yeux impuissants du troisième détenu.
Nicolas Cocaign déshabille ensuite sa victime, passe une croix autour de son cou et recouvre son corps d’une couverture. A l’heure du dîner, il saisit une lame de rasoir et découpe le thorax de Thierry Baudry dans l’idée de récupérer son coeur. Sans le savoir, il se saisit, en réalité, d’un morceau de poumon.
Il mange alors une partie crue du poumon et cuisine le reste avec des oignons sur un réchaud de fortune présent dans la pièce. «Je voulais prendre son âme», expliquera-t-il au juge d’instruction qui le mettra en examen pour homicide volontaire accompagné d’actes de torture et de barbarie. «C’était là que se trouvait le centre de sa personnalité, mais également par curiosité», admettra-t-il plus tard.
Le troisième détenu qui, «terrorisé» selon ses dires, n’est pas intervenu au cours de la boucherie avait été un temps poursuivi pour complicité avant d’être blanchi. Il s’est donné la mort en novembre 2009 à la prison d’Evreux où il avait été transféré depuis le drame.
Des troubles psychotiques depuis l’enfance
Les premiers experts psychiatres qui ont examiné Nicolas Cocaign juste après les faits avaient conclu à son «irresponsabilité pénale» en raison d’une structure et d’un fonctionnement à caractère «psychotique». Mais ces conclusions ont été invalidées au cours de l’instruction par cinq autres de leurs confrères qui avaient estimé que son discernement n’était pas «aboli» mais simplement «altéré» au moment des faits. Au cours du procès, l’avocat de Nicolas Cocaign, Me Fabien Picchiottino, a l’intention de soulever à nouveau la question de «l’irresponsabilité pénale» de son client. Ce dernier risque la réclusion à perpétuité.
Depuis sa jeunesse, l’accusé, abandonné très jeune par sa mère et placé dans une famille d’accueil, souffre de schizophrénie. Père de deux petites filles, il a été hospitalisé d’office par trois fois entre 1997 et 2005 pour avoir imposé à la mère de ses enfants des relations sado-masochistes. Condamné puis écroué en 2006 pour une tentative de viol avec arme et auteur d’un braquage d’un bureau de Poste, il a plusieurs fois demandé son internement. «L’administration pénitentiaire et la justice ne l’ont pas entendu», assure son avocat, Me Fabien Picchiottino. Si sa demande avait abouti, «on n’en serait peut-être pas là aujourd’hui».