La Chasse à la baleine: Réunion de la Commission baleinière internationale à Agadir au Maroc
La Commission baleinière internationale (CBI) a ouvert lundi à Agadir, au Maroc, sa plus importante réunion depuis l’instauration en 1986 d’un moratoire sur la chasse commerciale à la baleine.
Annoncée en avril, la proposition du président de la CBI Cristian Maquieira permettrait aux trois pays de chasser légalement un nombre limité de baleines, des quotas qui feraient pendant dix ans l’objet d’une surveillance internationale. Selon M. Maquieira, la mesure permettrait de sauver 5.000 baleines sur dix ans.
Malgré le moratoire de 1986, le Japon, la Norvège et l’Islande ont continué à pêcher des centaines de baleines par an, dont certaines espèces au bord de l’extinction. Depuis l’entrée en vigueur du moratoire, 33.600 baleines ont été tuées, selon l’Institut du bien-être animal (AWI) à Washington. Le Japon continue à chasser la baleine en invoquant des recherches scientifiques », mais ses prises alimentent davantage les bars à sushi que les laboratoires.
Quelques minutes après l’ouverture de la conférence de cinq jours lundi, le vice-président de la CBI Anthony Liverpool a reporté de deux jours les sessions de travail publiques pour permettre aux pays pro- et anti-pêche à la baleine de discuter de la possibilité d’un compromis. Ce bouleversement de l’agenda montre combien la proposition de suspendre le moratoire est sensible.
Les défenseurs de l’environnement qui participent à la réunion comme observateurs ont dénoncé cette décision d’organiser les discussions à huis clos. Wendy Elliott, du WWF International, a souligné que les préparatifs de la conférence ont été menés en secret et qu’il était maintenant temps d’ouvrir une discussion transparente et honnête ».
Actuellement, plus de 1.000 baleines sont tuées chaque année, avec un pic à près de 2.000 en 2006, selon le Groupe environnemental Pew (PEG). Le Japon est la clé », souligne Susan Lieberman, directrice du programme de préservation des baleines du PEG. La question est de savoir si le Japon est prêt à un compromis ou pas. »
Certains Etats de la CBI pourraient accepter un accord imposant des conditions strictes pour protéger les espèces les plus menacées et exigeant du Japon qu’il cesse ses incursions dans le Sanctuaire de baleines de l’Antarctique. De nombreux membres de la commission veulent également l’arrêt des ventes internationales de viande de baleine.
Les Etats-Unis sont favorables à un accord, mais jugent les quotas proposés trop élevés. L’Union européenne veut de son côté un maintien du moratoire, mais serait prête à examiner un accord appelant à l’élimination progressive de la chasse sur plusieurs années.
En France, le ministre de l’Ecologie Jean-Louis Borloo estime que la proposition de compromis ne sera acceptable » qu’à certaines conditions. Elle doit protéger effectivement les baleines, interdire le commerce des produits dérivés, (…) et enfin, proposer un calendrier pour mettre un terme définitif à toute chasse à la baleine », précise-t-il dans un communiqué.