Le dirigeant conservateur a aussitôt annoncé préparer un nouveau vote sur l’organisation d’élections. Il espère que celles-ci lui donneront la majorité lui permettant de remplir sa promesse de mettre en oeuvre le Brexit, trois ans et demi après le référendum de 2016.
Alors qu’il avait promis une sortie de l’UE "coûte que coûte" le 31 octobre et assuré préférer être "mort au fond d’un fossé" plutôt que demander un nouveau report, les 27 autres membres de l’UE ont donné lundi, à trois jours de la date fatidique, leur feu vert à une prolongation jusqu’au 31 janvier, à moins que l’accord de divorce conclu il y a une dizaine de jours à Bruxelles ne soit ratifié d’ici là.
Quelques heures plus tard, la Chambre des communes a rejeté le texte du gouvernement convoquant des élections le 12 décembre, qui n’a reçu le soutien que de 299 députés (70 contre) alors qu’il fallait une majorité des deux tiers de 434 voix.
Les travaillistes, première formation d’opposition, ont bloqué le texte en s’abstenant, expliquant vouloir d’abord écarter le risque d’une sortie sans accord et se disant réticents à un vote à l’approche de Noël, à une période où les étudiants rendent visite à leurs familles.
"Nous ne permettrons pas à cette paralysie de continuer", a assuré le Premier ministre après ce vote. "Cette assemblée ne peut plus retenir le pays en otage. Des millions de familles et d’entreprises ne peuvent pas faire de projet pour l’avenir".
Son gouvernement va déposer dès ce soir, a-t-il ajouté, un projet de loi permettant par une autre procédure de convoquer des élections, par le biais d’une loi, avec une majorité simple, à la date du 12 décembre ou une autre. Un vote est attendu mardi.
Un tel texte pourrait obtenir le soutien de certains partis d’opposition, comme les formations europhiles d’opposition, le parti national écossais (SNP) et les Libéraux-démocrates.
– Dernier report? –
Si "le Parlement résiste" et bloque la tenue d’élections, "je voudrais exhorter les Etats membres de l’Union européenne à indiquer clairement qu’un autre report (du Brexit) après le 31 janvier n’est pas possible", a écrit Boris Johnson au président du Conseil européen, Donald Tusk, prenant acte de la décision européenne.
Il s’agit du troisième report du Brexit, plus de trois ans après le vote de 52% des Britanniques, en juin 2016, pour quitter l’Union européenne. D’abord prévu le 29 mars, le Brexit a été repoussé au 12 avril puis au 31 octobre.
Le report accordé lundi prévoit une date butoir au 31 janvier mais avec la possibilité pour le Royaume-Uni de quitter l’UE au 30 novembre ou au 31 décembre en cas de ratification de l’accord de sortie avant ces échéances, selon un document vu par l’AFP.
– "Réunion efficace" –
La France, pays le plus réticent à un report long, a donné son accord à cette nouvelle prolongation en l’assortissant de conditions. La décision s’accompagne d’une déclaration politique dans laquelle l’UE exclut toute renégociation de l’accord conclu avec le Premier ministre britannique Boris Johnson et demande à Londres de proposer un candidat britannique comme commissaire européen.
La formalisation du report devrait intervenir d’"ici mardi ou mercredi" à l’issue d’une consultation des dirigeants des 27 par une procédure écrite, selon une source européenne.
Le négociateur en chef de l’UE pour le Brexit Michel Barnier s’est dit lundi "très content qu’une décision ait été prise", à l’issue de la réunion des ambassadeurs qualifiée de "courte et efficace".
Le président du Parlement européen David Sassoli a estimé que cette prolongation "donnait du temps au Royaume-Uni pour clarifier ce qu’il veut". "Dans le même temps, le Parlement européen continuera à examiner minutieusement l’accord de retrait", qu’il doit lui aussi ratifier, a-t-il ajouté.