"Est déclaré président comme ayant obtenu la majorité des suffrages exprimés le candidat Paul Biya", a annoncé le premier président de la Cour suprême, Alexis Dipanda Mouelle en conclusion de la lecture des résultats qui a duré plus de 8 heures.
Lundi, John Fru Ndi et six leaders de l’opposition avaient signé une déclaration rejetant par avance "tout résultat que pourra déclarer le Conseil constitutionnel".
D’après les résultats de l’élection à tour unique du 9 octobre à laquelle ont participé 23 candidats. M. Biya a obtenu 3.772.527 voix (77,989%). Il améliore son score de 2004 (70,92%) mais pas celui de 1997 qui l’avait vu obtenir 92,57%.
M. Fru Ndi, dont le parti le Social Democratic Front (SDF), avait hésité à participer au scrutin est lui aussi en recul obtenant 10,712% contre 17,40% en 2004.
Garga Haman Adji de l’Alliance pour la démocratie et le développement (ADD) vient en 3e place avec 3,211% devant Adamou Ndam Njoya de l’Union démocratique du Cameroun (UDC), 3e en 2004, qui n’obtient que 1,733%.
Au total 7.521.651. de Camerounais étaient appelés à voter au cours de ce scrutin. Avec un taux officiel de participation de 65,82%, la participation est en recul par rapport à 1997 (81,35%) et 2004 (82,83%). Vendredi matin, le SDF avait affirmé que, selon ses propres comptages, le taux de participation serait de "30,1%".
René Sadi, secrétaire général du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc au pouvoir) a déclaré vendredi soir: "Je pense que cette élection s’est déroulée dans la transparence. Ce choix est le choix du peuple. (…) J’espère que les Camerounais, (…) seront fiers de ce qui s’est passé"
L’opposition accuse le pouvoir d’avoir verrouillé le système électoral en faveur du président. "Dans le cas où le Conseil constitutionnel refuse d’annuler cette mascarade électorale et persiste à déclarer les résultats, nous appelons (…) le peuple à venir massivement manifester", affirmaient-ils, dénonçant un "environnement électoral (…) chaotique avec d’innombrables irrégularités", ont lancé lundi les responsables de l’opposition.
"La proclamation des résultats est la confirmation du scandale. C’est tout. Elle nous réconforte dans notre position (…) Nous contestons et que nous contesterons. Nous serons aux cô tés du peuple qui va protester quelle que soit la forme qu’il choisira", a déclaré Evariste Foupoussi, du SDF.
Les mesures de sécurité ont été renforcées dans les villes du pays pour faire face à d’éventuelles contestations. A Douala (sud), la capitale économique, les manifestations sont interdites, selon la presse locale.
Jeudi, l’Eglise a appelé au calme: "Ne descendez pas dans la rue. Restez sourds aux appels à la violence et au désordre", ont écrit les évêques camerounais.
Le Rdpc avait accusé mardi "certains partis politiques (…) au mépris de la légalité républicaine, de lancer des appels injustifiés et inadmissibles au désordre et à la violence".
En février 2008, des émeutes contre la vie chère et contre le projet de suppression de la limitation du nombre de mandats présidentiels, avaient coûté la vie à 40 personnes, selon un bilan officiel, au moins 139 d’après des ONG.
Jeudi, les Etats-Unis avaient estimé que l’élection était entachée "d’irrégularités à tous les niveaux". La France continue elle d’estimer que l’élection s’est déroulée "dans des conditions acceptables".
"La France a pris cette position parce qu’elle s’est fondée très exactement sur les conclusions d’une commission internationale d’observateurs", a affirmé le ministre français de la Coopération, Henri de Raincourt.