Les Algériens se préparent à défier un Etat contrôlé par l’armée (The Guardian)
L’Algérie, un pays riche en pétrole mais contrôlé par l’armée, se prépare à des manifestations pro-démocratiques, en dépit de la décision des autorités d’interdire ces manifestations, écrit vendredi le quotidien britannique, The Guardian
L’Algérie, important exportateur de produits énergétiques et pays clef dans la région du Maghreb, a fait appel le mois dernier aux forces armées pour contenir plusieurs jours de troubles, provoqués par une flambée des prix de produits alimentaires, note le Guardian, ajoutant qu’au moins cinq personnes ont été tuées et 800 autres ont été blessées dans des manifestations organisées pour protester contre le chômage, la pauvreté et la corruption.
Un collectif d’associations de la société civile, de syndicalistes indépendants et de partis politiques, a appelé à une journée de protestations samedi, poursuit la publication.
Dans une tentative de freiner les protestations en masse, le président algérien a indiqué qu’il allait utiliser les richesses pétrolières et gazeuses du pays pour faire baisser les prix des produits alimentaires de base, précise le Guardian, ajoutant que le président Bouteflika a également promis plus de libertés, la création des postes d’emploi et la levée de l’état d’urgence.
Citant des analystes, la publication londonienne indique que les jeunes algériens aspirent au changement dans un pays toujours traumatisé par son récent passé violent.
"Environ 200.000 personnes ont été tuées durant la guerre civile des années 1990", rappelle le journal, déplorant le fait que les richesses pétrolières de l’Algérie ne contribuent pas à une amélioration des conditions de vie de la population.
"Une économie non-modernisée et une bureaucratie suffocante créent peu de postes d’emplois dans un pays qui compte plus de 35 millions d’âmes", indique le quotidien, relevant que le chômage touche plus de 35 % des jeunes algériens, qui cherchent à quitter l’Algérie même à bord d’embarcations de fortune.
"Plus que la levée de l’état d’urgence, l’Algérie a besoin d’une révolution", affirme Houcine Zehouane, Président de la ligue algérienne des droits de l’homme.
Pour Mme Mansouria Mokhefi, analyste du Maghreb au sein de l’institut français des relations internationales, la situation en Algérie sera différente de celle en Tunisie, précisant que "l’armée algérienne est très puissante et détient les reines du pouvoir sur les plans politique et économique".