A peine trois mois après sa nomination en tant que ministre de la Défense, M. Juppé s’est finalement vu confier le Quai d’Orsay après la démission dimanche de Mme Michèle Alliot-Marie suite à une tempête politico-médiatique sur ses voyages en Tunisie en pleine révolution et ses liens controversés avec un homme d’affaires du clan du président tunisien déchu, Ben Ali.
En annonçant sa nomination, le président français Nicolas Sarkozy a salué un "homme d’expérience qui a déjà exercé ses fonctions avec une réussite unanimement reconnue". En effet, depuis environ trois mois, il était devenu l’homme fort du gouvernement. Face aux maladresses reprochées à la ministre sortante, notamment dans le dossier tunisien, M. Juppé est monté à plusieurs reprises au créneau pour recadrer la diplomatie française.
Alain Juppé, 64 ans, et l’un des fidèles de l’ancien président Jacques Chirac dont il était le Premier ministre de mai 1995 à juin 1997, a, par ailleurs, connu plusieurs fois des "traversées de désert". En tant que Premier ministre, il a connu l’impopularité à la suite des mouvements sociaux de 1995, qui ont conduit Jacques Chirac à dissoudre l’Assemblée, précipitant la cohabitation avec le gouvernement du socialiste Lionel Jospin. Il a également été condamné en 2004 à 14 mois de prison avec sursis et une année d’inéligibilité pour une affaire liée au RPR l’ex parti de Chirac. En 2007, il était retourné à la scène politique en tant que numéro deux du gouvernement Fillon I à la tête du ministère de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement durables, mais il devait finalement démissionner de l’exécutif après sa défaite aux élections législatives.
Il a été à plusieurs reprises Maire de Bordeaux, ville jumelée depuis 1988 avec Casablanca. M. Juppé occupe toujours ce poste, en parallèle avec ses responsabilités gouvernementales.