Ce moment hautement symbolique doit être "l’occasion de réaffirmer la force de l’amitié franco-allemande et de commémorer un évènement qui a marqué la mémoire collective de nos deux peuples et de l’Europe", a expliqué la présidence française.
Assombrie par la découverte samedi de la profanation de 40 tombes de soldats allemands de la Première guerre mondiale dans un cimetière militaire de l’est de la France, la rencontre intervient surtout après les turbulences du sommet européen de Bruxelles des 28 et 29 juin.
Le président François Hollande y a démontré sa volonté de sortir du traditionnel tête-à-tête franco-allemand, en appuyant les revendications de l’Italie et de l’Espagne face à la chancelière Angela Merkel.
Samedi, le président français a confirmé cette option en affirmant dans un entretien au quotidien régional L’Union que la relation franco-allemande ne devait pas être "un directoire" retirant tout pouvoir de décision aux autres partenaires européens.
M. Hollande et Mme Merkel doivent prendre la parole vers 10H00 GMT sur le parvis de la cathédrale de Reims, ville symbole des deux guerres mondiales, où le général de Gaulle et le chancelier Konrad Adenauer avaient scellé la réconciliation franco-allemande le 8 juillet 1962.
Occupée par les Prussiens en 1870, dévastée par les bombardements de la Première guerre mondiale, lieu de reddition des nazis en 1945, la ville avait été choisie par le général de Gaulle pour y accueillir le premier chancelier fédéral de l’après-guerre.
Il y a 50 ans, les deux hommes d’Etat "ont osé prendre un nouveau départ, un nouveau départ extraordinaire qui a conduit au niveau international à l’une des amitiés les plus importantes, l’amitité franco-allemande", a souligné samedi Mme Merkel dans son message vidéo hebdomadaire sur son site internet.
Les deux dirigeants déjeuneront ensemble mais le projet, évoqué un temps, d’un mini-sommet a été annulé en raison du calendrier chargée de la chancelière qui quittera la ville en début d’après-midi.
En France l’opposition a multiplié ces dernières semaines les critiques à l’égard du nouveau pouvoir socialiste, accusé d’avoir en quelques semaines dégradé les relations franco-allemandes.
François Hollande avait été snobé durant sa campagne par Angela Merkel, qui avait refusé de le recevoir en raison de son opposition au traité budgétaire européen. Une fois élu, pour faire accepter son pacte de croissance, François Hollande a cherché à contourner Angela Merkel en s’appuyant sur l’Italien Mario Monti et sur l’opposition sociale-démocrate allemande.
Un ministre, Arnaud Montebourg, avait même critiqué "l’aveuglement idéologique" de Mme Merkel, dont la politique d’austérité était responsable à ses yeux de la récession en Europe.
Pour sa part, la chancelière avait prévenu en juin que Berlin ne pouvait se satisfaire de "solutions de facilité", de "la médiocrité" comme recettes face à la crise, en faisant indirectement référence au nouveau pouvoir français.
"La relation franco-allemande demeure le socle de la construction européenne car l’Histoire nous a donné une responsabilité particulière", a cependant souligné mardi le Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, lui-même ancien professeur d’allemand, soucieux de calmer le jeu.
La journée de dimanche initie une série de manifestations organisées pour les 50 ans de la signature du traité de l’Elysée, le 22 janvier 1963, entre le général de Gaulle et le chancelier Konrad Adenauer. Un texte qui fixait les objectifs d’une coopération bilatérale et marquait la réconciliation entre la France et l’Allemagne après la Seconde Guerre mondiale.