Au-delà du soutien des écologistes et de la gauche radicale, le désormais septième Président de la Vème République aura élargi sa base électorale et su convaincre une majorité de Français pour arracher une victoire nette avec 51,67% des voix.
Avec ses "60 engagements pour la France", il leur a proposé un programme qui se veut une alternative aux promesses non tenues par son prédécesseur sur la base d’un programme de gauche mais qui porte la marque du réalisme, crise économique oblige, avec comme principaux mots d’ordre: changement, lucidité, volonté, justice et clarté.
Celui qui s’est posé en rassembleur, n’a pas limité son programme aux valeurs de la gauche. "Ennemi de la dette publique", il promet le rétablissement de l’équilibre budgétaire en prô nant une politique génératrice de la croissance et créative de l’emploi et se distingue par une position plus flexible sur les politiques d’immigration, tout en se déclarant favorable au vote des étrangers aux élections locales.
Hollande, qui a promis d’être un président "normal" au service de la République, a ainsi bâti son image par contraste à son rival, réputé avoir bousculé le style traditionnel du chef de l’Etat par son omniprésence et sa façon de diriger le pays.
Handicapé par son manque d’expérience gouvernementale, il a mené sa campagne en surfant sur l’impopularité de son adversaire, accumulée tout au long d’un quinquennat "agressif et heurté" selon lui, en s’affichant comme un candidat "normal", "respectueux" des institutions et des hommes et "rassembleur" des Français face à un Sarkozy qui aurait "divisé" et multiplié les "clivages", notamment par sa dérive vers l’extrême droite.
L’ancien parton du Parti socialiste (1997-2008), qui n’a jamais occupé un poste de responsabilité au gouvernement français, avait créé la surprise en devançant au premier tour, pour la première fois de l’histoire de la présidentielle française, un président sortant, celui même qui avait battu en 2007 la candidate socialiste de l’époque, Ségolène Royal qui n’est autre que l’ex-compagne de Hollande.
Pourtant, cet énarque de 57 ans, député du département rural de Corrèze (centre), le même où l’ancien président français de droite Jaques Chirac a longtemps été l’élu, était loin d’être le favori chez les siens pour défendre les couleurs du parti de la Rose lors de la présidentielle 2012.
Un an avant son élection, personne ne tablait sur son éventuelle candidature, ni sur son investiture par son parti, tellement il était isolé et loin de la vie politique nationale retranché dans la petite ville de Tulle dont il était le maire et dans ses fonctions de président de région.
A cette date, le favori des sondages et des socialistes n’était autre que l’ex-patron du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn avant que l’affaire de moeurs à New York, juste à la veille des primaires socialistes, ne vienne briser sa carrière internationale et ses rêves politiques sur la scène française.
Bénéficiant de ce coup de tonnerre dans le ciel français, Hollande joue son va-tout. Il remportera haut la main les primaires de son parti, en octobre 2011, en s’imposant au second tour avec 56,6 pc des voix face à la patronne du Parti socialiste, Martine Aubry, ce qui lui a conféré une légitimité certaine pour devenir le candidat officiel du PS à l’Elysée.
Un couronnement qui le met au devant de la scène après une longue traversée du désert suite à son départ de la direction de son parti en novembre 2008, durant laquelle il est resté isolé, entouré d’une poignée de fidèles.
S’ouvrait alors une longue campagne électorale au cours de laquelle il s’imposera petit à petit, dépassant les handicaps pour se constituer une stature de présidentiable, d’homme de gauche, rassembleur et consensuel en revenant aux valeurs classiques de la gauche: justice, égalité, solidarité pour convaincre une majorité de Français.