Vote anti-immigration : la Suisse risque de perdre son triple A (Moody’s)

L’agence internationale de notation Moody’s a mis en garde la Suisse contre la perte de son précieux « AAA », gage de bonne santé économique, en invoquant « l’incertitude qui s’installe après le vote du 9 février en faveur d’une limitation de l’immigration ».

"Limiter l’immigration est susceptible d’affecter le potentiel de croissance du pays, sa richesse et sa solidité économique dans son ensemble", a estimé Moody’s dans un communiqué.

Le texte voté à l’initiative de la droite populiste donne trois ans à l’exécutif pour mettre en place des quotas annuels de travailleurs étrangers, une démarche qui risque de mettre en cause les accords conclus avec l’Union européenne (UE) et de pénaliser la prospérité de l’économie helvétique.

"L’introduction de quotas de travailleurs pourrait freiner la demande de logements, exerçant ainsi une pression à la baisse sur les prix du marché résidentiel, chose qui pourrait entraîner un ralentissement plus rapide que prévu du marché de l’immobilier résidentiel", explique l’agence.

Selon Moody’s, la Suisse a bénéficié de l’afflux de travailleurs étrangers qui ont contribué à compenser les effets du vieillissement de la population et de la pénurie de main-d’œuvre qualifiée.

Les étrangers représentent 23,5 % de la population en Suisse (8 millions d’habitants), dont la majorité est issue des pays européens, en particulier les Allemands, les Italiens, les Portugais et les Français.

En outre, Moody’s prévient que les répercussions négatives sur le commerce entre la Suisse et l’Union européenne "pourraient peser sur les entreprises tournées vers l’exportation".

L’introduction de quotas serait également mauvaise pour les banques. Elle pourrait en effet réduire la demande de logement et potentiellement conduire à une décélération plus rapide que prévu du marché de l’immobilier résidentiel, estiment les analystes.

En tout, note Moody’s, l’impact de ces conséquences dépend pour l’instant de la mise en application du texte et des négociations que le pays pourrait avoir à renégocier avec l’Union européenne.

La semaine dernière, l’agence Fitch Ratings avait à son tour prédit un impact négatif du vote anti-immigration sur les perspectives économiques de la confédération, en considérant que le choix des électeurs allait accroître l’incertitude économique dans le pays.

D’après le géant de la finance Credit Suisse, la limitation de l’immigration pourrait coûter à la Suisse jusqu’à 80.000 emplois sur trois ans et priver ses entreprises du libre accès au vaste marché européen.

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