C’est une nouvelle séquence dans le feuilleton du fonds qatari pour la banlieue qui s’ouvre. Dès l’annonce de sa création en décembre dernier, ce projet d’investissement avait créé la polémique. Face au déluge de critiques, notamment de la frontiste Marine Le Pen, il avait été gelé jusqu’à la fin de l’élection présidentielle. Contactée à la mi mai par Atlasinfo, l’ambassade du Qatar assurait que le projet de fonds pour les banlieues n’avait jamais été suspendu. Mieux, la première étape de réception des dossiers
allait bientôt s’achever. L’ambassade avait précisé qu’un « groupe d’experts indépendants » procèderait à l’étude et à la sélection des projets.
Mais samedi dernier, le Parisien révélait que le projet d’investissement pour les banlieues était tout simplement abandonné. Désormais, le fonds qatari serait destiné à soutenir des PME existantes. Et le ministère français du Redressement productif participerait à les sélectionner. Qu’adviendra-t-il des centaines de dossiers déjà reçus par l’ambassade du Qatar ? Quels sont les raisons d’un tel revirement ? Contactée par Atlasinfo, l’ambassade du Qatar n’a pas donné suite à nos questions.
Du côté de l’Association nationale des élus locaux pour la diversité (ANELD), c’est l’incompréhension. « Le Premier ministre du Qatar a rencontré le président François Hollande début juin. Peut-être le changement s’est-il décidé à ce moment-là ? » s’interroge Kamel Hamza, président de l’ANELD, qui ne cache pas sa déception ni son agacement. « J’ai appris cette décision par voie de presse. L’ambassade aurait pu nous avertir. Mais je mets ce revirement sur le compte du gouvernement. François Hollande avait indiqué vouloir donner la priorité de sa présidence à la banlieue et à la jeunesse ! C’est raté », déclare-t-il à Atlasinfo.
Un rendez-vous a été demandé avec le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg. Kamel Hamza indique que les élus de gauche de l’ANELD s’activent pour « faire passer le message ». « Ce qui nous importe, ce sont les porteurs de projets qui ont déposé leurs dossiers et qui nous appellent, désorientés. Ils méritent le respect », estime Kamel Hamza.
Dès dimanche, l’association a lancé une pétition adressée au Président de la République. Intitulée « Pour que le fonds du Qatar revienne en banlieue ! », elle dénonce un « « hold-up » du gouvernement et estime que ce « détournement du Fonds destiné aux banlieues est un très mauvais message envoyé à destination des habitants des quartiers populaires de France ».
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