Ce document, couvrant la période allant de février à juin, est établi par la Commission d’enquête internationale indépendante qui depuis août dernier agit sur mandat du Conseil des droits de l’homme de l’ONU.
Dans leur rapport, les experts dénoncent une "nouvelle escalade de la violence" depuis mai 2012.
"La situation des droits de l’homme en Syrie s’est détériorée rapidement. De flagrantes violations des droits de l’homme ont lieu dans un contexte de combats de plus en plus militarisés", indiquent-ils.
"Dans certaines régions, les combats ont les caractéristiques d’un conflit armé non international" malgré l’augmentation des défections de militaires ainsi que l’apparition d’une "certaine fatigue" au sein des forces régulières syriennes, poursuivent-ils.
Le rapport dénonce aussi l’augmentation de la violence, en dépit de la présence des observateurs de l’ONU.
"Des hélicoptères de combat et l’artillerie ont été utilisés dans le bombardement de quartiers entiers considéré comme anti-gouvernement, même pendant la présence des observateurs, comme cela s’est produit à Deir Ezzor et d’Alep en mai 2012", donnent-ils en exemple.
Ils font également le point sur le massacre de Houla, bien qu’ils n’ont pas été autorisés à se rendre sur place. Après des mois d’attente, le président de la Commission, le Brésilien Paulo Sergio Pinheiro, a pu se rendre en Syrie les 23 et 25 juin mais n’a pas pu se rendre à Houla, où au moins 108 personnes ont péri le 25 mai.
Selon les interrogatoires menés par les experts, trois parties auraient participé aux violences qui ont eu lieu durant plus de 24 heures dans la localité de Taldou, à près de 6 km au sud de Houla: les chahibas ou d’autres milices pro-régime, des forces anti-gouvernementales qui voulaient accroître l’escalade de la violence ou des groupes étrangers.
"Avec les éléments de preuve disponibles, la Commission d’enquête n’a pu exclure aucune de ces possibilités", indique le rapport.
Toutefois, la Commission estime que "les forces loyales au gouvernement pourraient avoir été responsables d’un grand nombre des morts".
Ils indiquent ne pas disposer en ce moment de l’identité des personnes qui ont commis ces crimes.
Le 1er juin, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a donné son feu vert, malgré l’opposition russe et chinoise, à une enquête internationale indépendante sur le massacre de Houla en vue de traduire en justice les responsables qui pourraient être accusés de "crimes contre l’humanité" selon la Haut commissaire aux droits de l’homme, Navi Pillay.
Depuis la situation sur le terrain ne cesse d’empirer, avec une centaine de morts par jour selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Selon le rapport de la Commission d’enquête, les actes de torture, notamment sur des enfants se poursuivent. Ces derniers sont également trop souvent victimes des tirs de francs-tireurs, selon le rapport.
Les enquêteurs dénoncent également des violences sexuelles commises sur des hommes, femmes et enfants par les forces du gouvernement ainsi que par les chabihas..
Ils déplorent également une augmentation de la "violence sectaire".
"Alors qu’auparavant les victimes étaient ciblées selon qu’elles étaient pro-ou anti-gouvernementales, la Commission d’enquête a enregistré un nombre croissant d’incidents où les victimes semblent avoir été prises pour cible en raison de leur appartenance religieuse", expliquent les experts.
Le régime syrien ne reconnaît pas la contestation populaire qui s’est militarisée face à la répression et l’assimile à du terrorisme. Depuis le début le 15 mars 2011 de la révolte contre le régime, plus de 15.000 personnes ont péri, selon l’OSDH.