Virus: plongeon de l’économie mondiale, « des décennies » avant de sortir de la crise sanitaire
L’économie mondiale enregistre un plongeon historique, avec une forte chute du PIB de la zone euro et les Etats-Unis en récession, en raison du coronavirus « dont les effets se feront sentir pendant des décennies », selon le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Face à une pandémie que rien ne semble pouvoir enrayer, le Comité d’urgence de l’OMS s’est une nouvelle fois réuni vendredi, six mois après avoir décrété l’urgence mondiale.
Les statistiques économiques mondiales donnent le tournis.
La zone euro a enregistré au deuxième trimestre une chute de 12,1% de son PIB, conséquence des mesures de confinement, a annoncé vendredi l’Office européen de statistiques. En France, elle est de 13,8%, en Espagne de 18,5%, en Allemagne, le moteur économique de l’Europe, de 10,14%.
Aux Etats-Unis, le confinement a entraîné un effondrement du PIB de 32,9% sur la même période en rythme annualisé. Par rapport au deuxième trimestre 2019, la baisse est de 9,5%.
Seul élément encourageant dans ce domaine annoncé vendredi, le Canada a enregistré en mai une croissance de 4,5% par rapport à avril, après deux mois de déclin prononcé.
La pandémie a fait au moins 673.909 morts dans le monde, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles vendredi à 11h00 GMT. Le nombre des cas a dépassé les 17 millions.
En atteignant les 46.000 morts, le Mexique est devenu le troisième pays en termes de décès liés au coronavirus, devançant de peu le Royaume-Uni.
Les plus endeuillés par le Covid-19 restent les Etats-Unis, avec 153.268 morts, et le Brésil (91.263).
Le Vietnam et l’archipel des Fidji ont quant à eux chacun annoncé leur premier mort vendredi, tandis que la Colombie a indiqué avoir dépassé les 10.000 décès.
En Floride, l’un des Etats américains où l’épidémie connaît une forte recrudescence, la population attend désormais l’arrivée de l’ouragan Isaias.
Des effets sur « les décennies à venir »
« Cette pandémie est une crise sanitaire comme on n’en voit qu’une par siècle et ses effets seront ressentis pour les décennies à venir », a déclaré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, au début de la réunion de vendredi. L’institution, qui avait décrété l’alerte mondiale le 30 janvier, est critiquée pour ses recommandations jugées tardives ou contradictoires.
Face à la flambée de nouveaux cas de Covid-19, plusieurs pays renforcent les restrictions sanitaires.
L’Allemagne a classé trois régions d’Espagne, particulièrement touchées, en zones à risque, ce qui implique une quarantaine pour les voyageurs qui en reviennent, à moins de présenter un test négatif.
Au Royaume-Uni, le gouvernement a décidé de repousser d’au moins deux semaines la prochaine phase du déconfinement en Angleterre, initialement prévue pour samedi avec la réouverture de certains lieux publics.
En France, le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé vendredi que le port du masque en extérieur pourrait être imposé dès lundi dans « un certain nombre de zones » où l’épidémie remonte, l’été encourageant les rassemblements festifs en plein air.
Chypre a décrété que le masque était obligatoire dans les magasins, supermarchés et autres lieux publics clos.
Dans un revirement de doctrine, le Danemark recommande désormais son usage dans les transports publics et la Grèce rappelle qu’il est obligatoire dans tous les espaces publics clos.
A Hong Kong, l’exécutif a reporté d’un an des législatives prévues pour septembre en raison de la hausse du nombre des cas de coronavirus, une décision qui risque d’alimenter la colère du mouvement pour la démocratie qui y voit un prétexte.
Malgré tout, nombreux sont ceux qui tentent de sauver l’économie. Par exemple, le Népal a rouvert vendredi l’accès à ses massifs montagneux, et notamment à l’Everest, pour les expéditions automnales dans l’espoir de relancer son secteur touristique durement éprouvé.
A La Mecque, les fidèles musulmans ont entamé vendredi le rituel de lapidation de Satan, l’un des derniers du grand pèlerinage, qui a été drastiquement réduit cette année pour éviter toute propagation du virus.
Course au vaccin
Compagnies pétrolières, avionneurs, constructeurs automobiles paient un lourd tribut à la crise, avec des pertes abyssales au deuxième trimestre. Vendredi par exemple, le constructeur de poids lourds suédois Scania a confirmé un plan de 5.000 suppressions de postes dans le monde.
Sur le front médical, signe de la compétition intense entre les Etats, les contrats se multiplient pour tenter de s’assurer un accès à un éventuel vaccin contre le Covid-19.
Dernier en date, l’accord annoncé vendredi entre Sanofi et GSK avec les Etats-Unis, pour un financement supérieur à deux milliards de dollars.
Les laboratoires français et britannique vont recevoir jusqu’à 2,1 milliards de dollars des Etats-Unis contre la fourniture initiale de 100 millions de doses aux Américains.
L’Union européenne n’est pas en reste: elle a annoncé vendredi avoir sécurisé la réservation de 300 millions de doses de vaccins auprès de Sanofi et de GSK pour 2021. Le montant de ce futur contrat sans obligation d’achat n’a pas été divulgué.
Le Japon a quant à lui conclu un accord avec l’alliance germano-américaine Biontech/Pfizer pour s’assurer 120 millions de doses de leur potentiel vaccin contre le Covid-19.
Des opérations similaires se multiplient à travers le monde et cette compétition est polémique, car elle pose la question de l’accès des pays en voie de développement au vaccin, qui n’ont, pour leur part, pas les moyens de financer des contrats si importants, nourrissant les craintes de les voir servis en dernier.
L’immunologue Anthony Fauci, voix de la raison scientifique aux Etats-Unis sur la pandémie, a émis des doutes vendredi sur la sécurité des vaccins actuellement développés par la Russie et la Chine. « J’espère vraiment que les Chinois et les Russes testent leurs vaccins avant de les administrer à qui que ce soit », a-t-il déclaré lors d’une audition devant le Congrès américain.