Une Tunisienne violée par la police accusée d’atteinte à la pudeur

La convocation devant un juge d’une femme accusée d’atteinte à la pudeur après son viol par des policiers en Tunisie a déclenché mercredi la colère de la société civile, qui reproche régulièrement aux islamistes au pouvoir de faire peu de cas de la condition féminine.

Plusieurs ONG, parmi lesquelles l’Association tunisienne des femmes démocrates et la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme, ont dénoncé avec virulence la convocation de cette jeune femme par un juge d’instruction.

Elle devait être confrontée aux deux policiers, ses violeurs présumés, qui l’accusent avec son fiancé d’"atteinte à la pudeur", délit passible de six mois d’emprisonnement.

L’audition a finalement été reportée au 2 octobre, selon les ONG, et un appel à manifester à cette date devant le tribunal de Tunis a été lancé sur les réseaux sociaux sous le titre "Nous nous aimons: violez-nous".

Selon le ministère de l’Intérieur, la jeune femme et son ami avaient été appréhendés par trois agents de la police le 3 septembre dans une "position immorale". Deux des agents avaient alors violé la victime pendant que le troisième retenait le fiancé menotté. Les trois policiers ont été incarcérés.

"Les deux agents ont commis un crime mais ça n’empêche pas qu’elle était dans une position illégale" avec son petit ami, a commenté un représentant du ministère de la Justice, sous couvert d’anonymat.

Les ONG ont relevé que cette procédure transformait "la victime en accusée" et visait "à la terroriser et à l’obliger, elle et son fiancé, à renoncer à leurs droits", dans la mesure où le même juge instruit le viol et l’atteinte à la pudeur.

Les associations s’interrogent aussi "sur le sérieux de l’engagement du gouvernement à appliquer le plan national de lutte contre la violence faite aux femmes".

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