La réclusion à perpétuité est requise pour Evran (94 ans) et Sahinkaya (86 ans), deux anciens généraux interrogés par des procureurs l’été dernier, avant qu’un procureur d’Ankara n’ait annoncé la semaine dernière avoir préparé un acte d’accusation contre eux. Cette inculpation constitue une première en Turquie où l’armée, qui se veut gardienne de la laïcité dans le pays, a vu son rô le politique diminuer ces dernières années.
La date du procès des deux généraux turcs n’a pas encore été fixée, a indiqué "Anatolie".
Ce sont les amendements de la Constitution, approuvés par référendum en septembre 2010, qui ont rendu possible les poursuites judiciaires contre les auteurs du putsch de 1980.
La Constitution turque, rédigée sous l’influence des militaires et adoptée en 1982, comportait un article qui protégeait Kenan Evren et les auteurs du coup d’Etat d’éventuelles poursuites.
L’inculpation d’Evren intervient à un moment où le bras de fer entre l’institution militaire et les autorités civiles a été relancé avec l’arrestation la semaine dernière d’un ancien chef d’état-major de l’armée turque, le général Ilker Basbug, pour complot présumé contre le gouvernement.
Ce dernier a été placé en détention préventive dans une prison près d’Istanbul où des centaines d’autres officiers, actifs ou à la retraite, sont incarcérés et jugés, pour complots contre le Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste), qui dirige le gouvernement depuis 2002.
Cette arrestation constitue également un fait inédit en Turquie dans la mesure où aucun militaire d’un rang aussi élevé n’avait été mis en détention auparavant.