Syrie: l’opposition conditionne toute négociation à un départ d’Assad

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La principale figure de l’opposition syrienne a conditionné lundi toute négociation avec les autorités à un départ du président Bachar al-Assad, au moment où les violences s’intensifiaient aux portes de Damas.

A la veille de la présentation devant le Conseil de sécurité de l’ONU d’un projet de résolution présenté par le Maroc au nom de la Ligue arabe, les violences ont fait au moins 53 morts, dont 35 civils, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Réagissant à l’annonce par Moscou de l’accord donné par Damas à des négociations informelles avec l’opposition en Russie, le président du Conseil national syrien (CNS) Burhan Ghalioun a affirmé à l’AFP: "la démission d’Assad est une condition pour toute négociation sur la transition vers un gouvernement démocratique".

"Si les Russes veulent une solution négociée (…), ils doivent admettre qu’Assad doit partir car un assassin du peuple ne doit pas superviser une transition vers la démocratie", a-t-il estimé, joint au téléphone depuis New York.

Le chef d’un autre mouvement d’opposition, basé à Damas, Hassan Abdel Azim est allé dans le même sens. "Toute négociation et toute rencontre sont inenvisageables à l’ombre des violences qui augmentent, des tueries et des arrestations qui se poursuivent", a déclaré à l’AFP Abdel Azim, chef du Comité de coordination pour le changement national et démocratique (CCCND).

M. Ghalioun s’est dit confiant que les discussions de mardi seront couronnées de "succès", exhortant les Russes à adopter une "position réaliste".

Le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, doit présenter mardi le plan de sortie de crise de l’organisation panarabe qui prévoit la fin des violences et le transfert des pouvoirs de M. Assad à son vice-président avant l’ouverture de négociations avec l’opposition.

Mais la Russie, allié traditionnel de Damas, a réaffirmé son opposition, excluant toute négociation sur ce texte "inacceptable".

Les chefs des diplomaties américaine, française et britannique, Hillary Clinton, Alain Juppé et William Hague, iront mardi à New York faire le forcing en faveur de ce projet.

"Le Conseil de sécurité doit agir afin de faire clairement savoir au régime syrien que la communauté internationale considère ses agissements comme une menace pour la paix et la sécurité", a dit Hillary Clinton.

"Les équilibres ont évolué au sein du Conseil de sécurité", ont déclaré des sources diplomatiques françaises. Selon elles, "au moins dix pays" sur les quinze que compte le Conseil pourraient désormais être en faveur du projet.

Aucun vote n’est cependant prévu mardi sur le texte, selon des diplomates.

Moscou et Pékin avaient déjà mis leur veto en octobre à une précédente résolution dénonçant la répression sanglante de la révolte populaire en Syrie, qui a fait plusieurs milliers de morts depuis mars 2011, selon l’ONU.

Lundi, au moins 53 personnes, dont 35 civils, ont encore péri à travers le pays, selon l’OSDH.

A Homs (centre), 20 civils ont été tués par les forces de sécurité et neuf autres dans des affrontements dans la province de Deraa (sud). Un civil a péri dans la région d’Idleb (nord-ouest) et cinq autres à Zamalka et Hamourié, dans la banlieue est de Damas.

Dans la province de Deraa, où de violents affrontements ont lieu entre l’armée et des soldats dissidents, six agents de sécurité ont été tués dans l’attaque de leur minibus par des déserteurs, selon l’OSDH. Deux militaires ont en outre trouvé la mort près de Saraqeb, dans la province d’Idleb.

Selon l’OSDH, 10 déserteurs ont été également tués, dont deux à Rankous, une ville assiégée depuis six jours à 40 km au nord de Damas.

Le CNS a mis en garde contre un éventuel massacre "de centaines de jeunes gens que les services de sécurité syriens ont rassemblés sur une place publique" de cette ville.

Les militants avaient annoncé dimanche une intensification des combats près de Damas en raison d’une offensive de l’armée à l’artillerie lourde.

Au nord-est de la capitale, la banlieue était en état de siège. Des soldats renforçaient leurs positions et se retranchaient derrière d’innombrables sacs de sable, selon un correspondant de l’AFP.

L’Union des coordinations de la Révolution syrienne (UCRS), un des groupes qui organisent la mobilisation, a appelé à "former des comités populaires pour défendre les zones résidentielles" contre les forces d’Assad.

La Ligue syrienne des droits de l’Homme (LSDH) a par ailleurs annoncé l’exécution, par les services de renseignement, du fondateur de la première unité des soldats dissidents, Hussein Harmouche.

Premier officier de l’armée syrienne à avoir annoncé sa défection en juin 2011 pour protester contre la répression, Hussein Harmouche avait réussi à gagner la Turquie où il avait fondé "la brigade des officiers libres".

Il était réapparu en septembre pour présenter des "aveux" à la télévision publique, de son propre gré selon ses dires, mais sous la pression des services de renseignement qui l’ont enlevé en Turquie puis emprisonné en Syrie selon des militants.

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