Syrie: formation d’une « coalition nationale » élargie pour accélérer la chute du régime
Les formations de l’oppposition ont signé un accord sur la formation d’une « coalition nationale » élargie. Il a été signé par cheikh Ahmad Moaz Al-Khatib, qui a été élu président de cette « Coalition nationale syrienne des forces de l’opposition et de la révolution », et Georges Sabra, chef du Conseil National Syrien (CNS), qui en devient la principale composante..
La France a également apporté son "plein soutien" à la "coalition nationale", a déclaré le chef de la diplomatie française Laurent Fabius qui a qualifié l’accord d’"étape majeure".
Après d’épuisantes négociations menées depuis jeudi sous l’égide du Qatar et de la Ligue arabe, les formations de l’oppposition ont signé un accord sur la formation d’une "coalition nationale" élargie. "Il s’agit d’un pas important sur la voie de la chute du régime", a affirmé Riad Hijab, ancien Premier ministre syrien qui a fait défection en août.
L’accord répond aux voeux de pays arabes et occidentaux de voir l’opposition unie au sein d’une instance exécutive susceptible de traiter avec la communauté internationale et de canaliser les aides. Il a été signé par cheikh Ahmad Moaz Al-Khatib, qui venait d’être élu président de cette "Coalition nationale syrienne des forces de l’opposition et de la révolution", et Georges Sabra, chef du Conseil National Syrien (CNS), qui en devient la principale composante.
Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, cheikh Hamad ben Jassem Al Thani, et le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, assistaient à la signature.
Le CNS, qui craignait d’être marginalisé, a été soumis à d’intenses pressions arabes et internationales pour l’amener à lever ses réserves.
L’opposant Riad Seif, un ancien député à l’origine de l’initiative d’unification de l’opposition, et le militant Souheir Atassi, qui a joué un rôle dans la coordination du soulèvement à l’intérieur de la Syrie, ont été élus vice-présidents de la nouvelle coalition.
Longtemps considéré par la communauté internationale comme un "interlocuteur légitime", le CNS était de plus en plus critiqué pour son manque de représentativité, en particulier par l’administration américaine.
Né en 1960, cheikh Ahmad Moaz Al-Khatib, est un religieux modéré qui a été un temps imam de la mosquée des Omeyyades de Damas et n’appartient à aucun parti politique.
C’est cette indépendance, et sa proximité avec Riad Seif à l’origine de l’initiative d’une coalition élargie, qui a fait de lui un candidat de consensus pour la direction de l’opposition.
Issu de l’islam soufi, ce dignitaire religieux qui a étudié les relations internationales et la diplomatie n’est lié ni aux Frères musulmans, ni à aucune force d’opposition islamiste.
Arrêté à plusieurs reprises en 2012 pour avoir publiquement appelé à la chute du régime de Damas, il a été interdit de parole dans les mosquées syriennes par ordre des autorités et a trouvé refuge au Qatar.
Originaire de Damas même, il a joué un rô le décisif dans la mobilisation de la banlieue de la capitale, notamment Douma, très active dès le début de la mobilisation pacifique en mars 2011.
"Cheikh al-Khatib est une figure de consensus qui bénéficie d’un véritable soutien populaire sur le terrain", souligne Khaled al-Zeini, membre du Conseil national syrien (CNS).
– Riad Seif, symbole du Printemps de Damas de 2001
Riad Seif, 66 ans, self-made-man et industriel prospère, a longtemps cru pouvoir changer le régime syrien de l’intérieur.
Elu deux fois au Parlement comme indépendant, en 1994 et 1998, il est arrêté en septembre 2001 et condamné à cinq ans de prison sous l’accusation d’avoir voulu "changer la Constitution d’une manière illégale".
Son arrestation avec neuf autres opposants, sonnera le glas du Printemps de Damas, période de relative libéralisation ayant suivi l’accession au pouvoir de Bachar al-Assad après la mort de son père Hafez en juin 2000.
Il fait partie des 12 opposants qui avaient signé la "Déclaration de Damas", appelant à un changement démocratique en Syrie.
Ses attaques contre le régime et sa lutte lutte contre la corruption, lui ont également valu des pressions sur ses associés et des impô ts, selon lui injustifiés, qui l’ont ruiné.
Il purge à partir de janvier 2008 une peine de deux ans et demi de prison pour avoir réclamé la démocratie dans son pays.
Après le début de la révolte en mars 2011, il est arrêté en mai pour avoir participé à une manifestation interdite puis libéré une semaine plus tard en raison de son état de santé.
– Souheir Atassi, une des chevilles ouvrières de la coordination
Souheir Atassi, 41 ans, est co-fondatrice du réseau de militants de la Commission générale de la révolution syrienne (CGRS), qui recense les offensives de l’armée, les victimes des violences et alerte les médias sur les événements en Syrie.
Issue de la société civile et icô ne du "mouvement révolutionnaire" qui anime la contestation sur le terrain, elle entend faire peser la voix des militants à l’intérieur de la Syrie au sein de l’opposition.
Cette femme élégante issue d’une grande famille d’opposants sunnites laïques de Homs, la "capitale de la révolution", dans le centre de la Syrie, est à l’origine, avec d’autres, du Printemps de Damas.
Elle avait alors lancé un célèbre salon de discussion à Damas, où toutes les tendances pouvaient débattre de la démocratie.
Menacée de mort, cette forte personnalité, très active depuis l’intérieur de la Syrie, où elle a passé sept mois dans la clandestinité, s’est résignée à quitter son pays fin 2011 pour rejoindre la France où elle a notamment été reçue par les autorités françaises et le Parlement européen.