Sénégal/présidentielle: la police empêche un rassemblement anti-Wade

Sénégal/présidentielle: la police empêche un rassemblement anti-Wade
La police sénégalaise a empêché mardi des jeunes du collectif de rappeurs "Y’en a marre" d’organiser un sit-in permanent à Dakar pour tenter de relancer la mobilisation contre le président Abdoulaye Wade, plus que jamais en campagne pour la présidentielle du 26 février.

"Y’en a marre" avait prévu de lancer mardi soir son opération "Fanaan", ou veillée en langue locale wolof: ses militants devaient occuper en permanence la place de l’Obélisque.

Mais un important dispositif policier a été déployé autour et sur la place dès 10H00 (locales et GMT), empêchant les jeunes d’approcher. "Tout regroupement est interdit", ont indiqué des officiers de police.

Deux membres fondateurs de "Y’en a marre", les rappeurs Simon et Kilifeu, ont fait une brève apparition pour annoncer l’annulation du sit-in.

"On nous a avertis à la dernière minute que le rassemblement était interdit", a déploré Simon devant la presse, sous l’oeil de policiers prêts à intervenir.

"Nous avons fait deux manifestations ce week-end à cet endroit sans aucun incident. Nous avions prévenu les autorités (pour ce mardi). Mais dans quel pays vit-on?", s’est-il interrogé, promettant qu’un "nouveau mot d’ordre serait bientô t annoncé".

Ce sit-in devait permettre de "passer à la vitesse supérieure" dans la contestation contre la candidature de Wade à la présidentielle, mais surtout de relancer une mobilisation qui s’essouffle.

Le Mouvement du 23 juin (M23, opposition politique et organisations de la société civile) contre la candidature de Wade, a annoncé qu’une marche aurait lieu mercredi dans le centre de Dakar, du quartier populaire de la Médina à la place de l’Indépendance, près du palais présidentiel.

Depuis près d’un an, les rassemblements de l’opposition sont interdits sur cette place par le gouvernement.

Le gouvernement a d’ailleurs interdit mardi soir cette marche. "L’administration prendra toutes ses responsabilités pour sauvegarder, en toute circonstance la paix et la sécurité des personnes et des biens", met en garde un courrier du ministre de l’Intérieur Ousmane Ngom.

"Personne ne peut nous l’interdire", a avait affirmé aupravant un des leaders du M23, Alioune Tine.

Aux grands rassemblements "en commun" du M23, où tous exigeaient d’une seule voix le retrait de la candidature du chef de l’Etat sortant, ont succédé les classiques caravanes, meetings en province et promesses électorales.

"Ni idée, ni programme"

Chaque candidat mène désormais campagne de son cô té, dont les quatre "poids lourds": Ousmane Tanor Dieng, Idrissa Seck, Macky Sall et Moustapha Niasse.

"Les leaders candidats du M23 ont fait leur bilan, ils ont décidé de décliner leur programme auprès de l’électorat", reconnaît un porte-parole de la coalition, Abdoul Aziz Diop.

"Mais ils restent à l’écoute du M23 pour toutes les manifestations que nous allons organiser", affirme-t-il.

Le M23 estime que le chef de l’Etat sortant a épuisé ses deux mandats légaux et juge illégale sa candidature validée et confirmée fin janvier par le Conseil constitutionnel, en même temps que celle de 13 autres candidats. Quatre personnes ont été tuées en cinq jours dans les manifestations de mécontentement qui ont suivi.

Agé de 85 ans, Abdoulaye Wade a été élu une première fois en 2000 pour sept ans et réélu en 2007 pour cinq ans après une modification constitutionnelle en 2008. Ses partisans soutiennent qu’il peut briguer un nouveau mandat à la suite de modifications de la Constitution en 2001 et 2008.

Indifférent aux exigences de ses opposants, le président Wade enchaîne depuis une semaine comme si de rien n’était les meetings en province, dans une mécanique parfaitement huilée et avec une débauche de moyens, sono géante, podium de rock-star et mobilisation des militants du Parti démocratique sénégalais (PDS, au pouvoir).

Chacune de ses étapes est l’occasion pour Wade de se poser en "candidat des grands projets, de la construction nationale et de la paix", tout en plaidant pour sa réélection dès le premier tour face à des opposants qui n’ont "ni idée ni programme".

En Casamance (sud), où le président s’était rendu samedi en tournée, trois soldats sénégalais ont été tués et six blessés lors d’un "accrochage" lundi soir avec des rebelles indépendantistes présumés.

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