Puigdemont refuse de déposer à Madrid et dénonce un « procès politique »

Carles Puigdemont, le dirigeant indépendantiste catalan destitué, ne se rendra pas à la convocation de la justice espagnole qui a ouvert contre lui une enquête pour sédition et rébellion qu’il qualifie depuis Bruxelles de « procès politique ».

Avec 13 de ses conseillers (ministres), Carles Puigdemont est convoqué jeudi à Madrid par une juge de l’Audience nationale, juridiction spécialisée dans les dossiers complexes, qui pourrait l’inculper si elle suit les réquisitions du ministère public.

Alors que le vice-président du gouvernement catalan destitué, Oriol Junqueras, a l’intention de comparaître, le dirigeant indépendantiste a confirmé mercredi soir qu’il ne rentrerait pas à Madrid.

"Les conseillers et le président qui restent à Bruxelles n’ont aucunement l’intention de fuir la justice" mais ils répondront aux convocations "selon les mécanismes prévus par l’Union européenne dans ces circonstances", a-t-il expliqué dans un communiqué.

Il a fustigé un "procès politique" conduit "sous les ordres de l’Etat espagnol" dans lequel les peines encourues sont "équivalentes à celles prévues pour des crimes comme l’assassinat et le terrorisme".

Le bras de fer entre Madrid et Barcelone a culminé vendredi avec la proclamation par le Parlement catalan de la "République" indépendante de Catalogne.

Quelques heures après, le gouvernement espagnol destituait le cabinet Puigdemont et convoquait de nouvelles élections régionales le 21 décembre.

Le procureur général de l’Etat requiert l’inculpation des dirigeants indépendantistes pour sédition et rébellion, délits passibles de 15 et 30 ans de prison.

Il a demandé les mêmes poursuites contre la présidente et les membres du bureau du Parlement catalan qui, en raison de leur privilège parlementaire, doivent être entendus par un juge d’instruction de la Cour suprême.

M. Puigdemont et son cabinet risquent d’être placés en détention provisoire, comme deux présidents de mouvements associatifs indépendantistes écroués mi-octobre pour "sédition" après avoir appelé à une manifestation pendant laquelle des gardes civils avaient été empêchés de sortir d’un bâtiment et trois de leurs véhicules endommagés.

S’ils ne répondent pas à leur convocation, le parquet devrait demander leur arrestation, et pour ceux qui se trouvent à Bruxelles, l’Espagne devra délivrer un mandat d’arrêt européen.

M. Puigdemont et son cabinet risquent d’être placés en détention provisoire, comme deux présidents de mouvements associatifs indépendantistes écroués mi-octobre pour "sédition" après avoir appelé à une manifestation pendant laquelle des gardes civils avaient été empêchés de sortir d’un bâtiment et trois de leurs véhicules endommagés.

S’ils ne répondent pas à leur convocation, le parquet devrait demander leur arrestation, et pour ceux qui se trouvent à Bruxelles, l’Espagne devra délivrer un mandat d’arrêt européen.

Selon son avocat belge, M. Puigdemont, un indépendantiste de la première heure, demande à être entendu en Belgique.

"Il ne va pas à Madrid, et j’ai proposé qu’on l’interroge ici en Belgique, a déclaré Me Paul Bekaert mercredi à la télévision catalane TV3.

M. Puigdemont avait assuré mardi à Bruxelles qu’il ne reviendrait pas en Espagne sans l’assurance de bénéficier d’un procès impartial.

Plusieurs centaines de personnes ont accompagné mercredi jusque dans la gare de Barcelone un groupe d’au moins deux députés partant pour la capitale, scandant "Liberté" et "Vous n’êtes pas seuls" en catalan, a rapporté une journaliste de l’AFP.

L’ambiance était radicalement différente à leur arrivée à Madrid où ils ont été accueillis sous les insultes et les huées par des dizaines de manifestants unionistes brandissant des drapeaux espagnols, selon des images de télévision.

En s’exilant volontairement à Bruxelles, M. Puigdemont "joue plus à capter l’attention médiatique qu’à échapper à la justice", a déclaré à l’AFP à Madrid le politologue Fernando Vallespin.

A Barcelone, son collègue, Oriol Bartomeus, a vu lui aussi dans l’attitude de M. Puigdemont une stratégie électorale. "S’il ne se présente pas devant le juge, il deviendra un fugitif et cela pourra conduire le juge à décider sa mise en détention provisoire: or, un Puigdemont libre ne génère pas de retombées électorales mais un Puigdemont en prison, si", a-t-il estimé.

Les indépendantistes estiment avoir reçu mandat du peuple pour proclamer l’indépendance après le oui au référendum d’autodétermination interdit par Madrid et émaillé de violences policières.

Malgré sa destitution, le gouvernement catalan s’affirme toujours "légitime" et en capacité d’assumer sa charge, même si le projet d’indépendance est manifestement "ralenti", de l’aveu même de M. Puigdemont.

"Un mois depuis le référendum catalan du 1er oct. Malgré la violence et les menaces passées et présentes, nous continuons à travailler", a-t-il écrit mercredi sur son compte Twitter.

Le départ de M. Puigdemont et la reprise en main de la région par Madrid commencent à faire émerger les divisions dans le camp indépendantiste.

L’ex-"ministre" des Entreprises du gouvernement catalan, Santi Vila, qui avait démissionné juste avant la déclaration d’indépendance, a déploré "l’ingénuité" de certains de ses anciens collègues, sans citer M. Puigdemont.

AFP

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