Plan de paix pour l’Ukraine : une série de désaccords à surmonter

Les diplomates européens, russes et ukrainiens travaillent d’arrache-pied à l’élaboration d’un texte qui servira de matrice à leurs dirigeants pour un plan de paix à négocier mercredi soir au cours du sommet de Minsk qui vise à mettre fin à dix mois de guerre.

Tout en insistant sur les accords de paix de Minsk signés par tous en septembre mais très peu respectés, l’Allemagne et la France, parrains du processus, ont proposé un plan de paix "de la dernière chance", présenté jeudi à Kiev et vendredi à Moscou, dont les détails n’ont pas été dévoilés.

Selon une source diplomatique française, les "négociations sont difficiles" et "achoppent sur plusieurs sujets" litigieux avant la rencontre au Bélarus entre François Hollande, Angela Merkel, Vladimir Poutine et Petro Porochenko.

– Cessez-le-feu –

C’est le point le plus urgent, celui sur lequel, en théorie, tout le monde est d’accord. Mais sa mise en oeuvre est compliquée. Qui posera les armes en premier?

Concrètement, les rebelles et Moscou réclament de Kiev le retrait de leurs soldats et la reprise immédiate du financement des territoires séparatistes interrompu en novembre, comme préalable à une détente.

Pour sa part, Kiev exige que le cessez-le-feu s’accompagne de la fermeture des 400 kilomètres de frontière russo-ukrainienne passés ces derniers mois sous contrôle séparatiste.

– Contrôle de la frontière –

Kiev veut récupérer le contrôle de sa frontière avec la Russie sur la portion sous contrôle rebelle, conjointement avec l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe).

Mais Moscou refuse d’en parler, affirmant que Kiev doit négocier ce point directement avec les rebelles. "La logique de Poutine consiste à contraindre Kiev à négocier avec les rebelles pour montrer qu’il s’agit d’une guerre civile", explique une source gouvernementale ukrainienne.

L’Ukraine a fini par proposer de placer des observateurs de l’OSCE du côté russe de la frontière. "On attend la réponse des Russes", a déclaré à l’AFP la même source.

– Ligne de front –

Le gouvernement ukrainien ne reconnaît que la ligne de front fixée au moment des accords de paix de Minsk en septembre. Problème, les séparatistes ont depuis gagné 500 km2 supplémentaires et ont fait savoir qu’ils ne comptaient pas y renoncer.

Mais, selon une source gouvernementale ukrainienne, Kiev serait prêt à donner son accord sur la ligne de front actuelle pour le retrait des armes lourdes à condition que les rebelles reculent derrière la ligne de front de septembre. Ce dispositif créerait de facto une zone démilitarisée plus étendue.

– Le statut des régions séparatistes –

Les Russes prônent un statut de fédération ou d’autonomie pour les zones sous contrôle rebelle avec l’idée d’élections des gouverneurs régionaux (actuellement nommés par Kiev) pour notamment légitimer les "présidents" des républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk, Alexandre Zakhartchenko et Igor Plotnitski, élus lors des élections séparatistes en novembre que ni Kiev ni les Occidentaux n’ont reconnues.

Cette option, qui permettrait de bloquer par le droit de veto des régions prorusses l’évolution pro-occidentale de l’Ukraine, est inacceptable pour Kiev.

– Maintien de la paix –

L’Ukraine est réticente à une force de maintien de la paix car elle refuse la proposition avancée par les séparatistes en faveur de la présence de militaires bélarusses, mais surtout russes. Selon Kiev, une telle action légaliserait de facto des troupes russes que le gouvernement ukrainien considère comme déjà déployées dans l’est de l’Ukraine, ce que Moscou dément actuellement.

Les Russes auraient proposé aux Européens une force composée de Bélarusses et de Kazakhs, mais Kiev a refusé estimant que ces deux pays étaient de facto des alliés de la Russie, selon une source gouvernementale ukrainienne.

Quant à un éventuel contingent sous l’égide de l’ONU, il nécessite le feu vert du Conseil de sécurité de l’ONU que les Russes pourraient bloquer si leurs militaires ne font pas partie de la mission.

"Si on accepte des Russes au sein de la force d’interposition, on légitime de facto la présence de leurs troupes sur notre territoire", résume une source ukrainienne.

– Echange de prisonniers –

Il s’agit d’un des rares points sur lequel les négociateurs ont avancé, notamment en acceptant l’idée qu’un échange massif valait mieux que des échanges au cas par cas. Problème : les listes de prisonniers présentées par chaque camp ne coïncident pas.

Se pose aussi la question du sort de Nadia Savtchenko, actuellement détenue à Moscou. Cette pilote de l’armée de l’air est accusée du "meurtre prémédité" de deux journalistes russes dans l’est de l’Ukraine mi-juin où elle combattait en tant que volontaire. Un tribunal de Moscou a prolongé mardi jusqu’au 13 mai la détention de la jeune femme, en grève de la faim depuis près de deux mois.

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