« Pas d’arrestation politique aux Comores », assure le président Azali Assoumani

Le président comorien Azali Assoumani, candidat à sa réélection le 24 mars après une réforme constitutionnelle controversée, assure qu’"il n’y a pas d’arrestation politique" dans son pays, les interpellations et condamnations récentes de plusieurs membres de l’opposition étant selon lui des "coïncidences malheureuses".

"Aucun opposant ne peut dire qu’il a été arrêté parce qu’il a parlé. Il n’y a pas d’arrestation politiques aux Comores", affirme M. Assoumani, dans un entretien accordé à l’AFP, à l’occasion d’une visite privée à Paris.

Ces derniers mois, plusieurs figures de l’opposition comorienne ont été condamnées par la justice: l’ex-président Ahmed Abdallah Sambi est assigné à résidence pour escroquerie et détournement de fonds publics, et le secrétaire général de son parti (Juwa) a écopé de sept ans de prison pour avoir blessé un militaire.

Quatre autres personnes, dont l’ex vice-président Djaffar Said Ahmed Hassane actuellement réfugié en Tanzanie, ont été condamnées aux travaux forcés à perpétuité pour "complot et "atteinte à la sûreté de l’Etat".

"Ce sont des coïncidences malheureuses", jure le président des Comores, "tous ceux qui ont été arrêtés l’ont été pour des motifs judiciaires".

"Je mets au défi n’importe quel juge de dire qu’il a reçu un jour un coup de téléphone du président Azali", poursuit-il, martelant dans un débit rapide que la justice est indépendante du pouvoir politique aux Comores.

– Au pouvoir jusqu’en 2029 ? –

Azali Assoumani, 61 ans, gouverne pour la deuxième fois ce petit pays de l’océan Indien. Il était arrivé une première fois au pouvoir par un putsch en 1999, avant d’être élu en 2002 pour un mandat de quatre ans.

Réélu en 2016, il a fait modifier la Constitution l’an dernier après un référendum validé à 93%, mais boycotté par l’opposition et sur lequel des observateurs ont sérieusement mis en doute l’ampleur de la participation annoncée (près de 63%).

Cette réforme permet désormais au président comorien d’accomplir deux mandats de cinq ans consécutifs contre un seul auparavant.

La sacro-sainte présidence tournante entre les trois îles de cet archipel (Grande-Comore, Anjouan, Mohéli), reste maintenue mais interviendra tous les dix ans, et non plus tous les cinq ans.

Un boulevard pour Azali Assoumani qui pourrait rester au pouvoir jusqu’en 2029. Au risque de générer des frustrations aux Comores ?

Ce n’est pas l’avis du président sortant, qui estime au contraire que "l’unité du pays" sera renforcée, puisque l’ensemble du pays sera désormais appelé aux urnes dès le premier tour et pas seulement l’île concernée.

Soucieux de crédibiliser le scrutin, après un référendum controversé, M. Assoumani réclame la présence d’observateurs pour la présidentielle.

"Le 24 février on va démarrer la campagne et il faut que les observateurs soient là pour nous dire les erreurs à corriger", plaide-t-il.

L’Organisation internationale de la Francophonie ainsi que l’Union africaine ont notamment été sollicités.

– "Je ne serai pas battu" –

"En 2002, j’ai été élu et quand je suis parti en 2006, mon candidat n’a pas gagné", veut-il rassurer.

Acceptera-t-il le verdict des urnes s’il est battu? "Je ne serai pas battu", éclate de rire l’intéressé. "Je suis confiant, les Comoriens ne sont pas ingrats – ils savent qu’on a mis en place des chantiers dans plein de domaines", veut-il croire.

"On développe des infrastructures, les routes. On a un projet pour construire un port autonome en eaux profondes à Anjouan. On a un contrat pour l’aéroport de Moroni pour en faire un aéroport international digne", affirme le président, qui veut faire des Comores un pays émergent à l’horizon 2030.

Des contrats ont été signés avec les Emirats arabes unis pour développer 40 MW d’énergie solaire, une piste "renouvelable" séduisante pour le président Assoumani qui veut par ailleurs développer le "potentiel économique", de son territoire maritime pour la pêche.

L’objectif: accélérer le développement des Comores pour notamment freiner la vague d’immigration vers Mayotte, quatrième île de l’archipel, mais conservée par la France.

Ancienne colonie française de tradition musulmane sunnite, les Comores ont connu une histoire tumultueuse, jalonnée de vingt coups d’État ou tentatives depuis 1975 et contrariée par la perte de Mayotte qui alimente une querelle de souveraineté avec Paris.

"Nous considérons Mayotte comme comorien par le droit international. C’est très difficile pour nous de voir des Comoriens rapatriés de Mayotte comme des clandestins, comme des étrangers", s’énerve Azali Assoumani.

Soucieux de "privilégier le dialogue" avec Paris, il réclame une "solution" mais demande "pour commencer", la suppression du visa pour les Comoriens voulant se rendre à Mayotte.

Un accord cadre entre la France et les Comores est en discussion pour apaiser les relations entre les deux pays.

Depuis 1985, on estime à près de 12.000 le nombre de morts et disparus en tentant de rallier Mayotte.

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