Ouverture d’une enquête après la diffusion par TF1 d’enregistrements entre Merah et la police
Après la diffusion par TF1 des extraits audio des dialogues de Mohamed Merah avec la police lors du siège de son appartement les 21 et 22 mars, les proches des victimes du tueur au scooter sont « scandalisées ». Ils vont saisir la justice en urgence pour obtenir l’interdiction de toute diffusion des enregistrements des conversations entre Merah et la police. Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a regretté que ces sons aient été rendus publics. Le parquet de Paris ouvre une enquête pour violation du secret de l’instruction.
Le ministre français de l’Intérieur Manuel Valls a "regretté" dans un communiqué la diffusion de ces enregistrements et s’est indigné de l’absence de précaution prise "pour respecter les familles des victimes" du tueur.
Dans les extraits diffusés par la chaîne de télévision, Merah affirme être prêt à poursuivre dans sa folie meurtrière, assure être en liens avec Al Qaïda et le grand banditisme et explique comment il a trompé la vigilance des services de renseignements qui le surveillaient.
Le 21 mars vers 3h00, les policiers tentent de prendre d’assaut l’appartement où s’est réfugié Mohamed Merah. Ils sont accueillis par un feu nourri. Mais le contact s’établit ensuite et les discussions avec le jeune jihadiste montrent toute sa détermination.
"Je suis quelqu’un de déterminé, je n’ai pas fait ça pour me laisser faire attraper, t’as vu. Là, on négocie tu vois, on est en train de négocier, après, en dehors des négociations, n’oublie pas que j’ai les armes à la main, je sais ce qui va se passer, je sais comment vous opérez pour intervenir", dit-il au négociateur, selon cet enregistrement.
"Je sais que vous risquez de m’abattre, c’est un risque que je prends. Donc voilà, sachez qu’en face de vous, vous avez un homme qui n’a pas peur de la mort, moi la mort, je l’aime comme vous, vous aimez la vie", ajoute t-il.
Dans ces quatre heures et demie de négociations que la chaîne assure détenir, Merah fait part de ses contacts avec "ses frères" d’Al Qaïda au Pakistan, ses actions à venir mais aussi du style de vie libéré qu’il avait adopté: "ça fait partie de la ruse, tu vois", explique-t-il au négociateur.
Français d’origine algérienne, Mohamed Merah avait semé la terreur en tuant trois militaires d’origine maghrébine et quatre personnes de confession juive, dont trois enfants, entre le 11 et le 19 mars.
Se réclamant d’Al-Qaïda, il avait finalement été abattu le 22 mars par une unité d’intervention de la police, lors de l’assaut de l’appartement où il était retranché.
L’affaire Merah avait mis en lumière les lacunes du contre-espionnage français, critiqué pour n’avoir pas pris au sérieux un homme qui s’était rendu notamment au Pakistan et en Afghanistan.
La justice française a décidé d’ouvrir une enquête préliminaire pour violation du secret de l’instruction après la diffusion des enregistrements.
Les victimes de Merah et leurs avocats ont annoncé qu’elles allaient demander à la justice d’enclencher une procédure d’urgence pour empêcher toute diffusion des enregistrements, notamment sur internet.