Moubarak arrive sur une civière au tribunal du Caire

Moubarak arrive sur une civière au tribunal du Caire
Hosni Moubarak est arrivé en civière et le visage fermé au tribunal, aménagé dans l’académie de police en banlieue du Caire. Il est entouré de ses deux fils Gamal et Aala, eux aussi poursuivis pour corruption, détournements de fonds publics et surtout pour leur responsabilité dans la mort de plusieurs dizaines de manifestants lors de la révolution de janvier et février, qui a fait 840 victimes, selon le bilan officiel.

Une nouvelle journée de procès qui s’ouvre dans une ambiance de chahut dans le tribunal et de chaos à l’extérieur. Depuis le début de la matinée, partisans et opposants du chef d’Etat déchu s’affrontent à coups d’insultes et de jets de pierre.

Deux semaines après avoir plaidé non coupable, l’ancien Raïs va pouvoir cette fois s’exprimer directement sur les faits qu’on lui reproche. Le juge devrait notamment le questionner sur ce qu’il savait de la répression des manifestants contre son régime : Est-ce lui qui a donné l’ordre au ministre de l’Intérieur de tirer sur la foule ? Ou est-ce que Habib Adli a décidé d’agir indépendamment ? Les avocats des familles des victimes ont réclamé que soit rendu public l’ensemble des communications échangées entre l’ancien président et son ministre. Une requête en cours d’examen, selon le juge Ahmed Refaat.

Mohamed Hussein Tantaoui appelé à la barre

Mais la décision la plus attendue concerne la convocation ou non du maréchal Mohamed Hussein Tantaoui : l’actuel chef du Conseil suprême des forces armées qui dirige le pays. Les avocats de la défense estiment que le témoignage de l’ancien ministre de la Défense pourrait décider du sort de Moubarak, 83 ans. L’armée assure que tout officier convoqué se rendra au procès. Mais l’attention des médias pourrait rendre frileux l’actuel chef d’Etat.

Selon le juriste Mahmoud Khoudeiri, le juge Refaat devrait consacrer l’audience à désigner les témoins parmi la longue liste déposée par les avocats des deux parties.

Les avocats de la défense estiment qu’un témoignage de Tantaoui sur le rôle de Moubarak face au soulèvement pourrait décider du sort de l’ancien président.

Tantaoui a été le ministre de Défense de Moubarak pendant deux décennies avant de prendre la tête du CSFA après la chute du "raïs" le 11 février.

Les avocats de la défense ont, dès la première audience, demandé à entendre Mohamed Tantaoui ainsi que l’ancien chef des services de renseignement Omar Souleimane et 1.600 autres témoins.

"Le témoignage de Tantaoui pourrait aider la cour à déterminer si Moubarak a donné ordre au ministre de l’Intérieur Habib al Adli de tirer sur les protestataires ou si Adli a agi indépendamment", a expliqué un membre de l’équipe d’avocats, qui a souhaité rester anonyme.

Le procès de l’ancien ministre de l’Intérieur et de six de ses anciens collaborateurs a repris dimanche au Caire. La prochaine audience a été fixée au 5 septembre.

Mais les avocats des familles des manifestants tués demandent aussi que Tantaoui témoigne devant le tribunal.

"Les avocats de la défense considèrent Tantaoui comme un témoin à décharge, qui disculpera Moubarak. Les avocats des plaignants, eux, attendent de lui qu’il dise avoir reçu l’ordre de tirer, ce qui est nécessaire pour condamner Moubarak", déclare un avocat.

Selon Essam Soltan, l’un des avocats des plaignants, le juge Ahmed Refaat voudra entendre les arguments des avocats à l’appui de leur requête avant de prendre une décision.

Les dossiers des prévenus sont liés et chacun pourrait accuser son supérieur d’avoir donné ordre de tirer, ce qui affaiblirait selon Soltan les éléments à charge contre Moubarak.

Le CSFA a promis d’assurer la transition démocratique du pays le plus peuplé du monde arabe, un processus encore loin d’être achevé.

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