Montée de tension à Paris entre Anne Hidalgo et ses alliés écologistes

Demande d’excuses, accusations de « maccarthysme culturel »: trois semaines après leur reconduction à la mairie de Paris, le torchon brûle entre Anne Hidalgo et ses alliés écologistes à propos de Christophe Girard, adjoint à la Culture poussé par des Verts à la démission.

« Je déférerai devant les tribunaux les graves injures publiques qui ont été dirigées contre la mairie de Paris », annonce la maire PS dans un communiqué transmis vendredi, après une réunion de l’ensemble des présidents de groupes de la majorité.

La maire socialiste dénonce « des propos indignes » et « des banderoles infamantes brandies », et promet qu’elle ne « laissera rien passer ».

Jeudi, alors que se tenait le premier conseil de Paris de la mandature, une trentaine d’élus et activistes féministes se sont rassemblés sur le parvis de l’Hôtel de Ville. Ils demandaient l’ouverture d’une enquête interne, et la suspension de l’adjoint, entendu en mars dans l’enquête sur l’affaire dite Matzneff, et sorti libre de son audition.

Aux mains des manifestants, des pancartes et une banderole comme « Mairie de Paris, bienvenue à Pedoland », ont été jugées « choquantes » par de nombreux élus de la majorité et de l’opposition. « Ce n’est pas une banderole choc, c’est une banderole indigne », s’est insurgé le président de la fédération parisienne du PS, Rémi Féraud.

Des messages qui ont poussé l’adjoint à la culture Christophe Girard à démissionner, suscitant beaucoup de colère dans les rangs de la majorité dont les élus lui témoignaient leur soutien jusque tard jeudi soir, dans son bureau.

« Nous allons demander des excuses à nos partenaires écologistes, non pas sur leur mobilisation que nous respectons mais sur les excès, y compris dans les manifestations », avait prévenu plus tôt, vendredi, Emmanuel Grégoire sur France info.

Vendredi, Christophe Girard était de retour sur les bancs de l’hémicycle en simple conseiller de Paris, lorsque de façon inattendue, le préfet de police, Didier Lallement, lui adresse son soutien: « Je veux adresser juste un salut républicain à Monsieur Christophe Girard, qui nous a donné hier (jeudi), m’a donné, une grande leçon de dignité. Je veux saluer l’homme ».

L’hémicycle s’embrase, les applaudissements des élus dans les rangs socialistes, communistes, et même dans l’opposition, fusent tandis que l’élue Alice Coffin fulmine, leur adressant un mot: « La honte, la honte, la honte ! ».

Désormais, selon un communiste, « la question qui se pose c’est sur qui Anne Hidalgo peut compter au sein des écologistes ? ».

« Règlements de compte »

« Anne Hidalgo leur a donné beaucoup », estime une source de la majorité, rappelant que les écologistes avaient obtenu 10,8% au premier tour contre près de 30% pour la liste d’Anne Hidalgo. « C’est violent ce que les écolos font d’emblée. »

« Il y a déjà des règlements de compte alors que la mandature commence à peine. Leur majorité est en lambeau avant même d’avoir commencé », soulève Marie Claire Carrère-Gee, élue LR du XIVe arrondissement.

Pour l’élue, « Mme Hidalgo s’est piégée toute seule en empruntant des thématiques de campagne aux Verts ». « Et les Verts parisiens, on les connait : ce sont des idéologues qui n’ont aucun esprit de gestionnaire ! »

C’est « un sujet politique », défendait auprès de l’AFP David Belliard, ancienne tête de liste EELV aux municipales et adjoint aux Transports de la maire de Paris.

« Nous ne sommes plus dans le contexte de 2014. Entre temps, il y a eu +Me too+, des sujets d’exemplarité, d’égalité femme-hommes… Et nos élus sont à l’image de cette société qui bouge, de générations de militantes et militants qui arrivent aujourd’hui sur les bancs d’une assemblée », ajoute l’élu, qui concède qu' »ils et elles doivent apprendre à travailler ensemble ».

Mme Hidalgo ne l’entend pas ainsi. Dans son communiqué, elle a prévenu, sans les nommer, les deux élues écologistes à l’origine du rassemblement, Raphaëlle Rémy-Leleu et Alice Coffin: elles « ont incité et soutenu ces comportements, (et) se placent ainsi d’elles-mêmes en dehors de la majorité municipale ».

La veille, dans les couloirs de l’Hôtel de Ville, les deux néophytes ne cachaient pas leur joie après la démission de M. Girard, promettant d’arriver « au tour de Darmanin (le ministre de l’Intérieur accusé de viol, ndlr) maintenant ».

Pour M. Belliard, la participation d’EELV à la majorité ne fait pas de doute: « Il n’y a pas pour nous de sujet particulier, on continue à travailler » et « à (en) faire partie ».

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