Lors d’un prêche vendredi dernier à Oujda, l’imam Abdellah Nhari, connu pour ses propos radicaux, a déclaré que le journaliste Elmokhtar Laghzioui, rédacteur en chef de ce quotidien "est un +dayyouth+ ("cocu", ndlr) et en islam, le +dayoute+ doit être tué".
"Nous refusons les appels au meurtre au nom de la religion", "non au terrorisme au nom de la religion", "oui, à la liberté de la presse et à la liberté d’expression", pouvait-on lire sur les pancartes brandies par la foule de journalistes rassemblée devant les bureaux du journal en solidarité avec sa direction.
Un membre du syndicat national des journalistes a pris la parole pour demander au chef du gouvernement islamiste Abdelillah Benkirane de "prendre ses responsabilités face à ce courant rétrograde et extrémiste".
"Nous comptons sur la justice pour mettre un terme" à cet extrémisme religieux, a pour sa part dit le président du syndicat de la presse, Youssef Moujahid.
Interrogée par l’AFP, la direction du journal a dit vouloir attendre le résultat de l’enquête diligentée par la justice marocaine sur cette affaire avant de décider d’une éventuelle action.
Le Parquet d’Oujda, dans le nord-est du Maroc, a ordonné dimanche l’ouverture d’une enquête après cet appel à la "violence" de l’imam qui fait grand bruit, notamment dans les réseaux sociaux et dans le milieu de la presse.
"A la suite de ce qui a été relayé par certains médias concernant les déclarations du dénommé Abdellah Nhari (ndlr, un imam qui prêche à Oujda), et l’incitation à la violence que ses propos peuvent engendrer via les prêches, le Parquet ordonne l’ouverture d’une enquête", a indiqué un communiqué de la cour d’Appel d’Oujda.
L’imam réagissait ainsi après que le journaliste ait déclaré à une chaîne satellitaire qu’il était "favorable aux libertés individuelles, notamment sexuelle, y compris lorsqu’il s’agit "de sa mère ou de sa soeur".
Cette affaire intervient en plein débat sur les libertés individuelles, et notamment la liberté sexuelle, entre les conservateurs islamistes et les laïcs.