Maroc : Au PJD, l’après-Benkirane est en train de se jouer

Narjis Rerhaye (A Rabat)

La nouvelle a traversé le microcosme politique marocain. Abdelilah Benkirane boude. Il n’assiste plus aux réunions du secrétariat national du PJD. C’est son adjoint, Slimane Amrani, qui préside les rencontres au sommet des islamistes. Le dernier communiqué de l’instance exécutive du PJD est bien signé de Benkirane. Mais le leader qui rêve d’un troisième mandat à la tête du parti et d’un amendement taillé sur mesure ne met plus les pieds au siège du parti, sis au quartier des Orangers à Rabat.

La dernière réunion du secrétariat national du PJD a été agitée. Le front anti-nouveau mandat de Benkirane a haussé le ton. Pas question d’amender l’article 16 du statut du parti de la lampe pour autoriser un troisième mandat à l’actuel secrétaire général. Abdelilah Benkirane a rempli deux mandats à la tête du parti de la Lampe. Seul un amendement des statuts pourrait lui permettre d’occuper à nouveau le fauteuil de leader. Du côté des « anti », les langues se délient.

Ce sont notamment les ministres islamistes qui mènent la bronca, avec aux premières lignes Mustapha Ramid, le ministre d’Etat des droits de l’Homme et Aziz Rabbah en charge de l’énergie et des mines et pressenti comme candidat possible à la succession d’Abdelilah Benkirane.

Au PJD, et à quelques semaines du 8ème congrès des islamistes au pouvoir, prévu les 9 et 10 décembre prochain, la guerre se fait à fleurets mouchetés et en dans la plus grande des discrétions. « Il est aujourd’hui sûr que la majorité des membres de la direction du PJD s’est prononcé pour la non modification de l’article 16, seul Sésame de Benkirane pour rempiler. Les ambitions de l’ancien chef de gouvernement qui n’a jamais digéré son éviction de l‘Exécutif et son remplacement par Saadeddine Elotamani sont en train de s’écrouler », commente ce connaisseur des arcanes politiques.

Et si les appels au calme et à l’unité des rangs sont les principaux éléments de langage développés par le Parti Justice et Développement (PJD), personne ne s’y trompe. Tous les projecteurs sont braqués sur le prochain conseil national qui se réunira le 25 novembre.

Les aficionados de Benkirane seront opposés à ceux que l’on appelle déjà « le clan des ministres » et qui se mobilise pour une succession ouverte et sans Benkirane, conformément aux statuts actuels de leur famille politique.

Officiellement, Saadeddine Elotmani, le chef de gouvernement et président du conseil national du PJD, se contente d’observer de loin. C’est tout sa mandature à la primature qui est en train de se jouer. Le retour de Benkirane à la tête du PJD serait pour Elotmani le pire des scénarii, l’ex chef de gouvernement revendiquant résolument son rôle de poil à gratter-voire plus_ de l’Exécutif.

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