Mal des « banlieues »: un maire en grève de la faim au coeur de Paris

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Après quatre jours de grève de la faim sous une tente devant l’Assemblée nationale, le maire d’une ville-symbole du mal-être des banlieues françaises a décidé mardi de poursuivre sa protestation, déçu de la réponse du Parlement à sa demande de moyens supplémentaires.

Le visage taillé à la serpe, les traits creusés, les yeux clairs rougis par le jeûne et la fatigue, Stéphane Gatignon, 43 ans, maire depuis 2001 de Sevran (nord-est de Paris) n’en démord pas: élu écologiste, il demande aux autorités cinq millions d’euros pour boucler le budget 2013 de sa commune.

A la périphérie de la "ville-lumière", Sevran évoque la face obscure de la société française, en condensant toutes les souffrances de ces "banlieues" qui gardent le violent souvenir de trois semaines d’émeute en novembre 2005: chô mage à 20%, trafic de drogue, ghettoïsation de populations d’origine étrangère, désert médical, enclavement.

Elu en 2001 à 32 ans sous l’étiquette communiste, passé chez les écologistes en 2009, M. Gatignon a programmé sa grève de la faim pour faire pression sur les députés qui continuaient mardi l’examen du Bugdet de la France 2013. Un budget marqué par la rigueur pour réduire le déficit à 3% en 2013, engagement européen du président socialiste François Hollande.

Dans le détail, le maire de Sevran exige plus de solidarité entre les communes riches et celles qui, comme la sienne, ont peu de ressources fiscales (les villes en France prélèvent une taxe sur les immeubles, les terrains bâtis ou non, et les entreprises présentes sur leur territoire).

Vêtu d’un jean et d’une parka pour se protéger du froid, M. Gatignon a fait une incursion mardi dans les couloirs de l’Assemblée nationale.

"Le doigt où ca fait mal"

"Ca ne donne rien", a-t-il regretté après avoir assisté dans la tribune de l’hémicycle aux débats toujours très techniques sur la "péréquation" (redistribution de l’impô t entre les villes).

Il a décidé la poursuite de sa grève de la faim, même si les députés ont voté une augmentation de 50% d’une dotation pour aider le développement des villes.

Sous sa tente, le maire de Sevran avait reçu dès samedi la visite du populaire ministre socialiste de l’Intérieur Manuel Valls ainsi que celle de sa collègue écologiste Cécile Duflot, en charge du Logement.

Sa grève de la faim est une pierre dans le jardin de son parti Europe Eocologie – Les Verts (EELV), membre de la coalition gouvernementale (deux ministres) dominée par les socialistes.

A Sevran, son mouvement est plutô t bien accueilli: "Avec cette grève de la faim, le maire a mis le doigt là où ça fait mal", juge Amar Salhi, patron d’un bar proche de la mairie. "Il paie de sa personne. Il ne fait pas ça pour lui, il le fait pour les habitants", assure ce Sevranais de naissance.

De l’autre cô té du comptoir, Fousseny Koma, acquiesce. "A Sevran, il y a beaucoup de chô mage, des problèmes de violence… La situation est compliquée".

En 2006, un député centriste du sud-ouest, Jean Lassalle, avait obervé une grève de la faim de plus d’un mois pour obtenir le maintien d’une usine du japonais Toyal dans sa vallée pyrénéenne. Jean Lassalle a écrit en octobre au Premier ministre pour l’alerter sur le fait que cette société a de nouveau l’intention de quitter son département.

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