Macron au Niger : « La France est fière de vous »

« Nous avons une pensée pour vos familles, elles portent le poids de votre absence. Elles méritent notre reconnaissance et notre soutien », a lancé le président.

Pas de repos pour le chef de l’État à quelques jours des fêtes de fin d’année. Pour montrer que c’est une priorité de son début de mandat, Emmanuel Macron a fêté Noël avec quelques heures d’avance en compagnie des forces françaises déployées au Niger dans le cadre de la lutte contre les groupes djihadistes au Sahel. Emmanuel Macron a affirmé vendredi soir à Niamey que « l’effort » contre les groupes djihadistes au Sahel « où se joue notre sécurité » sera « maintenu » en 2018. « L’effort sera maintenu, fortement » avec « la volonté : obtenir des victoires claires, importantes, face à l’ennemi », a déclaré le président français en s’adressant à plusieurs centaines de soldats de la force Barkhane sur la base aérienne avancée au Niger.

« Rien ne serait possible sans votre engagement, sans votre dévouement », a déclaré aux soldats Emmanuel Macron, accompagné de la ministre des Armées Florence Parly. « J’ai confiance en vous », en particulier pour mener à bien la lutte au Sahel, qui « est une priorité », car « c’est là que se joue notre sécurité, l’avenir d’une partie du continent africain ». « Nous ne devons pas laisser le Sahel aux organisations terroristes (…) (il ne faut pas) que nous leur cédions la moindre once de territoire ».

« Je suis fier de vous »

L’opération Barkhane, qui regroupe plus de 4 000 hommes, en particulier au Mali et au Niger, « est essentielle pour notre stratégie dans le Sahel », a ajouté Emmanuel Macron, arrivé en début de soirée dans la capitale nigérienne. Il doit s’y entretenir samedi avec le président Mahamadou Issoufou après avoir rencontré dans la matinée les différentes unités présentes sur la base française. « C’est une immense fierté d’être là avec vous ce soir », a déclaré Emmanuel Macron en s’adressant aux soldats réunis devant le foyer de leur base.

« Je suis fier de vous, la France est fière de vous. Elle pleure ses morts, elle soigne ses blessés, mais elle est fière de ses enfants qui se battent pour la protéger », a ajouté le président français. « Pour vous la trêve (de Noël) n’est pas permise et cela, nous ne l’oublions pas (…) Nous avons une pensée pour vos familles, elles portent le poids de votre absence. Elles méritent notre reconnaissance et notre soutien », a-t-il ajouté, avant de partager un dîner de fête spécialement préparé par le chef de l’Élysée, Guillaume Gomez, venu de Paris. Avec des produits entièrement offerts par les grossistes du marché de gros de Rungis, près de Paris, le chef a préparé un menu de haut vol : pâté en croûte Élysée veau-foie gras, volaille des Hautes-Pyrénées rôtie aux morilles avant le gâteau Intense chocolat.

« Appuyer les forces armées »

Emmanuel Macron a été accueilli vendredi après-midi par son homologue Mahamadou Issoufou, qui le recevra le lendemain à la présidence à Niamey. Pour le président nigérien, la lutte antiterroriste au Sahel ne concerne pas uniquement les pays de la région : « Le combat que nous menons, nous le faisons aussi pour l’Europe, pour le monde entier », a-t-il expliqué la semaine dernière à l’Agence France-Presse. D’autant, selon lui, que les armées des pays sahéliens, dont le Mali ou le Burkina Faso, sont trop faibles pour traquer dans cette région semi-désertique vaste comme l’Europe les dizaines de groupes djihadistes qui se fondent dans la population et sont financés par des trafics de toutes sortes. C’est pour cela que la France a mis en place Barkhane, baptisée du nom d’une dune prenant la forme d’un croissant sous l’effet du vent, en août 2014. Cette opération a pris la suite de Serval, lancée en urgence en janvier 2013 au Mali pour stopper l’avancée des djihadistes qui menaçaient Bamako.

Barkhane a pour objectif d’« appuyer les forces armées » au Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad et Mauritanie afin d’« empêcher la reconstitution de sanctuaires djihadistes ». Basée à N’Djaména, Barkhane est aujourd’hui la plus importante opération extérieure française mobilisant aussi huit avions de chasse, six à dix avions de transport, cinq drones Reaper, trois cents blindés et trois cents véhicules logistiques, des équipements soumis à rude épreuve.

« Il nous faut gagner la guerre contre le terrorisme »

Les groupes djihadistes sont, selon l’Élysée, « aujourd’hui incapables de reproduire le schéma de 2013 », lorsqu’ils avaient pris le contrôle du Nord-Mali. Mais ils ont réussi à s’adapter, en menant des actions plus diluées du sud de la Libye au nord du Nigeria, où est actif le groupe Boko Haram. « Il nous faut gagner la guerre contre le terrorisme dans la zone sahélo-saharienne. Or, elle bat son plein. Il y a des attaques chaque jour, il y a des États qui sont aujourd’hui menacés », s’est alarmé Emmanuel Macron au cours d’un sommet de soutien à la force G5 Sahel la semaine dernière. Il va de nouveau discuter de la mise en œuvre, d’ici la mi-2018, de cette force de 5 000 hommes, composée de soldats des cinq pays impliqués, qui a récemment mené une première opération dans la zone des « trois frontières » entre Mali, Niger et Burkina Faso. Paris espère que sa montée en puissance permettra de réduire Barkhane, mais « cela sera décidé en fonction de l’évolution de la situation sur le terrain », selon l’Élysée.

Le financement du G5 Sahel s’est révélé un casse-tête, en partie résolu par les 100 millions d’euros débloqués par l’Arabie saoudite, qui propose d’organiser en janvier à Riyad une réunion de suivi avant un sommet des donateurs en février à Bruxelles, selon l’Élysée. ONU en tête, tous les acteurs s’accordent sur le fait que la voie militaire ne peut suffire à éradiquer la menace djihadiste sans progrès politiques et économiques. À Niamey, Emmanuel Macron devrait annoncer des « projets concrets » de développement, dans la logique de son discours à la « jeunesse africaine » de Ouagadougou. Paris a promis une enveloppe de 400 millions d’euros pour le développement du Niger sur la période 2018-2021, dont une partie sous la forme de projets menés par l’Agence française du développement (AFD). Certains d’entre eux visent à appuyer la volonté du président Issoufou de scolariser davantage les jeunes filles, peu nombreuses à aller à l’école. Le Niger est en outre en première ligne sur les routes migratoires du Sahel, notamment dans la région d’Agadez, dans le nord.

Avec afp

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