Cette rencontre "aura pour objet d’échanger sur la situation en Libye et les conditions de reprise du dialogue politique, à la suite de la visite du Premier ministre (Fayez al-Sarraj), et en lien avec l’ONU et nos partenaires", a précisé la présidence française.
Emmanuel Macron a reçu le 8 mai M. Sarraj, qui accuse Paris de soutenir son rival Khalifa Haftar. Le président français avait alors "réaffirmé" le "soutien" de la France au Premier ministre et appelé à un cessez-le-feu "sans conditions" dans ce pays déchiré par les conflits armés depuis la chute de Mouammar Khadafi en 2011.
Le maréchal Haftar, qui appelle ses troupes à poursuivre l’offensive, a été reçu discrètement, jeudi à Rome, traditionnellement proche des autorités de Tripoli et qui soutient le Premier ministre Sarraj.
"Cela a été une rencontre assez longue, un long échange d’informations. Je lui ai fait part de la position du gouvernement. Nous voulons un cessez-le-feu et nous considérons la voie politique comme l’unique solution", a déclaré le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte, sans plus de précisions.
Après plus d’un mois d’offensive infructueuse des troupes du maréchal Haftar pour s’emparer de Tripoli, la situation semble dans l’impasse tant militaire que politique en Libye.
Le Premier ministre libyen refuse de son côté tout cessez-le-feu qui ne se traduirait pas par un retour des troupes du maréchal Haftar sur leurs positions d’avant le début de l’offensive le 4 avril.
Paris renvoie dos à dos les deux protagonistes, jugeant que Fayez al-Sarraj n’a pas non plus fait assez d’efforts pour concrétiser la feuille de route dont les deux rivaux étaient convenus fin février à Abou Dhabi, sous l’égide des Nations unies.
Cette feuille de route a été "mise en échec à la fois par une initiative du maréchal Haftar et par une initiative, ou une non-initiative, du Premier ministre Sarraj", a lancé le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian mardi à l’Assemblée nationale.
La position de la France, qui a fourni par le passé au maréchal Haftar du renseignement militaire dans l’est et le sud du pays, est jugée ambigüe par des observateurs, certains n’hésitant pas à évoquer un "double jeu".
"Face à la montée en puissance du groupe Etat islamique (EI) dans l’est de la Libye, la France a fait un choix stratégique depuis plusieurs années. Elle s’est résolue à soutenir discrètement Khalifa Haftar pour tenter de réduire la menace terroriste", résume le chroniqueur Thomas Hoffnung, spécialiste des questions africaines.
La France a ainsi "donné l’impression au cours des dernières années de se compromettre avec un apprenti dictateur", considère l’ancien ambassadeur de France Michel Duclos, conseiller spécial à l’Institut Montaigne.
A peine élu, M. Macron avait tenté une audacieuse médiation en invitant l’homme fort de l’Est libyen à Paris aux côtés du Premier ministre reconnu par la communauté internationale, en juillet 2017 puis en mai 2018.
Khalifa Haftar, qui était surtout soutenu par les Emirats arabes unis et l’Egypte, jouit depuis d’une reconnaissance sur la scène internationale, dont il s’est brutalement affranchi en lançant son offensive sur Tripoli.
L’Union européenne a condamné cette offensive, la qualifiant de menace pour la sécurité internationale, et a appelé à un cessez-le-feu immédiat.