Les musulmans d’Allemagne revendiquent une reconnaissance officielle de l’Islam

Le Conseil supérieur des musulmans d’Allemagne aspire à obtenir une reconnaissance officielle de l’Islam dans ce pays qui compte plus de cinq millions de musulmans, une communauté bien intégrée, ne ménageant aucun effort au service de la société, a affirmé le secrétaire général du conseil, Abdessamad El Yazidi.

"En vertu de la constitution allemande, la reconnaissance de toute religion passe par la reconnaissance de l’instance représentative de cette religion, et c’est ce que nous ne cessons de revendiquer, depuis des décennies, dans le cadre du Conseil supérieur des musulmans d’Allemagne", a-t-il expliqué dans un entretien accordé à la MAP à l’occasion des élections législatives prévues dimanche en Allemagne.

M. El Yazidi a déploré que cette revendication ne soit pas encore concrétisée, et ce pour deux raisons principales : le défaut d’une volonté politique chez les gouvernements successifs au pouvoir et le poids politique faible des musulmans, en l’absence d’une participation effective aux élections ou encore d’une adhésion aux partis démocratiques.

De son avis, l’objectivité et le réalisme doivent guider le discours politique en Allemagne.

Il a tenu à souligner que les musulmans sont bien intégrés dans la société allemande, comme en témoigne une étude récente de l’institut Bertelsmann, et ce en dépit du « rejet notable » qu’ils subissent.

« De par notre citoyenneté allemande, il est de notre devoir de faire preuve de positivisme et d’efficacité, y compris à travers la participation aux élections et l’adhésion aux partis de manière à apporter une contribution au service de la société et à la lutte contre toutes les formes de racisme et de haine, actuellement en hausse », a-t-il affirmé.

Pour le SG du Conseil qui rassemble plusieurs associations islamiques allemandes, la participation politique des musulmans est de nature à leur permettre de faire entendre leurs voix en tant que partie intégrante de la société allemande.

Il a fait remarquer que la communauté musulmane fait face aujourd’hui à nombre de défis, sur fond notamment des attentats terroristes commis en Europe au nom de la religion, ce qui a conduit à une montée de partis extrémistes de droite, à l’instar de l’"Alternative pour l’Allemagne" (AfD), prônant un discours xénophobe et hostile à l’Islam.

M. El Yazidi a, à cette occasion, mis en exergue le rôle que joue le Conseil supérieur des musulmans d’Allemagne, en coordination avec le Conseil des Oulémas dont il relève, dans les domaines d’encadrement, citant, à titre d’exemple, le lancement de la campagne de sensibilisation sur l’importance de la participation au scrutin législatif allemand sous le slogan "ma voix compte".

Cette campagne vise à informer les musulmans sur les positions des différents partis au sujet de questions ayant trait à la réalité de l’Islam en Allemagne, la politique d’intégration et autres sujets pouvant les intéresser en tant que minorité religieuse au sein de la société allemande. Le conseil a également lancé un portail électronique, baptisé « boussole de l’électeur », pour permettre aux électeurs musulmans de définir leurs choix avant les élections.

Formation des imams

Pour contrer toute surenchère religieuse ou extrémiste, le SG du Conseil supérieur des musulmans d’Allemagne a mis en relief le rôle central des imams bien formés pour faire face aux discours prêchant la haine et la violence.

Il a noté en revanche qu’il y a un besoin pressant en ce qui concerne les programmes de formation continue en faveur des imams, focalisant sur la réalité culturelle et politique de la société allemande, outre la mise à niveau linguistique, la langue étant la clé de communication avec les générations musulmanes montantes.

Il a rappelé, dans ce cadre, le programme de formation au profit de plus de 40 imams marocains officiant dans différentes mosquées du länder de Hesse, lancé en 2015, sous la supervision de l’Institut Goethe en partenariat avec le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), le Conseil européen des Oulémas marocains (CEOM) et l’Office fédéral pour la migration et les réfugiés en Allemagne.

Outre l’apprentissage de la langue allemande, ce programme comprenait des ateliers de formation et des journées d’études, ayant traité de plusieurs sujets, notamment les mécanismes et les méthodes de l’encadrement des jeunes, les raisons de la radicalisation des jeunes, le système politique en Allemagne et la participation politique et sociale.

Le Conseil supérieur des musulmans d’Allemagne tend à consacrer le modèle allemand dans la gestion de la chose religieuse, en tenant compte de l’histoire et de la culture du pays ainsi que des mutations et variables que connaît la société allemande, a expliqué M. El Yazidi.

Il a insisté, à ce propos, sur la pertinence de s’inspirer de modèles positifs dans la gestion de la chose religieuse comme le modèle marocain qui promeut les valeurs du juste-milieu, de modération, du dialogue et du respect, notant que cette année, le Conseil a traduit en allemand la Déclaration de Marrakech sur le vivre-ensemble avant de la présenter à l’opinion publique en Allemagne en vue de mettre en exergue les valeurs nobles de l’Islam, religion de paix et de tolérance.

Propos recueillis par Fatima TIMJERDINE
MAP

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