Les forces irakiennes progressent à Mossoul, les civils en grand danger
L’offensive pour reprendre la ville de Mossoul, dernier grand fief du groupe Etat islamique (EI) en Irak, se poursuit mardi, les forces irakiennes continuant de progresser dans l’ouest de la ville où quelque 200.000 civils piégés sont en grand danger selon l’ONU.
"Les civils sont probablement bien plus en danger aujourd’hui, dans les toutes dernières étapes (des opérations militaires), qu’à aucun autre moment de la campagne de Mossoul", a affirmé à l’AFP la coordinatrice humanitaire de l’ONU pour l’Irak, Lise Grande, estimant entre 180.000 et 200.000 le nombre de civils présents dans les zones tenues par les jihadistes, la majorité dans la vieille ville où les conditions de vie sont de plus en plus difficiles.
"On sait que les médicaments sont très rares, qu’il y a d’importantes pénuries d’eau potable et que les stocks de nourriture sont en quantité très limitée. On sait aussi que les familles qui tentent de fuir sont souvent prises pour cible par des tireurs embusqués", a expliqué Mme Grande.
"Vous avez une zone fermée (ndlr: la vieille ville) qui n’a plus été ravitaillée depuis des mois, dans laquelle les civils sont piégés et (où) les combattants sont déterminés à tenir jusqu’au bout. Vous additionnez tout ça, et vous avez une situation vraiment désespérée".
L’appel à fuir adressé aux civils est en contradiction avec les recommandations adoptées jusque-là par l’armée, qui les enjoignaient plutôt à rester chez eux durant les combats, notamment pour réduire le nombre de déplacés et éviter des destructions de grande ampleur.
Le porte-parole du Commandement conjoint des opérations (JOC), Yahya Rassoula justifié ce changement par la forte densité de population dans les "zones anciennes" de Mossoul-Ouest, en référence à la vieille ville.
Appuyées par une coalition internationale conduite par les Etats-Unis, les forces irakiennes mènent depuis mi-octobre une vaste offensive pour reconquérir Mossoul, prise par l’EI en juin 2014 et où son chef Abou Bakr al-Baghdadi avait proclamé un "califat".
Après la prise fin janvier de l’est de la ville, elles se sont lancées en février à l’assaut de sa partie occidentale et resserrent maintenant l’étau sur la vieille ville, dont la reprise s’avère particulièrement ardue.
L’accès à "la vieille ville est entièrement bloqué par le sud et nos troupes sont maintenant présentes au nord et à l’ouest", a précisé le porte-parole du JOC. La partie orientale est elle bordée par le fleuve Tigre.
Selon M. Rassoul, les forces irakiennes "sont entrées dans les quartiers d’al-Saha al-Oula, d’al-Zinjili et d’al-Shifaa, ainsi que dans l’Hôpital républicain".
Ces quartiers sont situés au nord de la vieille ville de Mossoul, en grande partie contrôlée par l’EI, un entrelacs de ruelles étroites très peuplées, propices à la guérilla urbaine et difficiles d’accès pour les blindés irakiens.
"Ces dernières semaines, 160.000 civils ont fui (Mossoul-Ouest) et nous nous attendons à en voir fuir un nombre égal dans les prochains jours à cause de l’injonction (du gouvernement à fuir)", a dit la coordinatrice humanitaire de l’ONU pour l’Irak.
Depuis le début de l’opération sur Mossoul, 760.000 civils ont quitté leur domicile, dont environ 150.000 sont déjà retournés chez eux, selon Mme Grande.
Avec AFP
La bataille de Mossoul a aussi provoqué la mort de très nombreux civils.
Les Etats-Unis ont reconnu jeudi la pire bavure depuis le début en 2014 de leur campagne anti-EI, avec 105 civils tués à Mossoul dans un bombardement le 17 mars.
L’enquête militaire américaine a toutefois attribué ce bilan à l’EI, qui avait piégé à l’explosif le lieu ciblé. Une "explosion secondaire" a fait s’effondrer tout le bâtiment, selon le rapport d’enquête.
La chute de Mossoul, même si elle constituerait un revers majeur pour l’EI, ne mettrait pas fin pour autant à la guerre contre l’organisation extrémiste.
Les jihadistes détiennent encore des territoires dans trois provinces irakiennes et continuent de mener régulièrement des attaques dans les zones gouvernementales.
La dernière en date a été menée lundi soir à Bagdad lorsqu’un kamikaze a fait exploser un véhicule piégé devant un marchand de glaces populaire dans le centre de la capitale irakienne, et alors qu’a débuté samedi le ramadan, le mois de jeûne musulman durant lequel les habitants de Bagdad, en famille, déambulent en soirée dans les rues.
Revendiqué par le groupe état islamique, via son agence de propagande Amaq, comme une attaque visant "un rassemblement de chiites", le bilan fait état de 8 morts et 30 blessés.