Malgré les inquiétudes exprimées par la société civile et la communauté internationale, ‘’les autorités algériennes continuent d’exposer à des poursuites, les citoyens souhaitant exercer leur droit à la liberté d’expression, d’opinion, de réunion pacifique ou d’association. Et ce, en ayant recours à l’arme judiciaire pour les intimider, notamment dans le cadre du Hirak’’, a déploré mercredi, l’Observatoire international pour la paix, la démocratie et les droits de l’homme (IOPDHR-Genève).
Dans un communiqué, l’Observatoire souligne que l’absence d’indépendance du pouvoir judiciaire contribue à l’état de siège imposé à ces militants et aux défenseurs des droits de l’Homme, comme en témoignent les dizaines de condamnations prononcées par les tribunaux contre des militants du mouvement du Hirak pour ‘’trouble à l’ordre public’’, ‘’outrage aux institutions de l’État’’ ou au ‘’président de la république’’.
‘’L’IOPDHR-Geneva déplore cette oppression des libertés fondamentales en Algérie, qui se poursuit à travers des amendements du Code Pénal et de plusieurs décrets et textes de lois, visant à faire diversion des abus et à les légitimer, notamment avec l’élargissement de la ‘définition’ du crime de terrorisme’’, lit-on dans le communiqué.
L’Observatoire rappelle, dans ce sens, le cas du ‘’militant politique, Rachid Nekkaz, ancien candidat à la présidentielle, qui a été condamné à 5 ans de prison ferme par la chambre criminelle de la Cour d’Appel d’Alger’’, notant que ‘’Rachid Nekkaz est en détention pour ses activités politiques, depuis le 15 mai dernier à Chlef, au même titre que son infirmier M. Hamza Djabr, tous deux arrêtés lors d’un rassemblement devant la prison, pour demander la libération des 270 prisonniers politiques détenus et l’ouverture d’une enquête concernant la mort du Hakim Debazi, décédé pendant sa période d’incarcération, le 24 mai de cette année’’.
Pour rappel, Rachid Nekkaz a, auparavant, été condamné à Alger, à un an de prison pour ‘’incitation à un rassemblement’’ et pour avoir ‘’tenté d’empêcher les citoyens d’exercer leur droit de vote’’.
Il a, ainsi, été emprisonné pendant 443 jours avant d’être libéré le 19 février 2021. Aussi, l’IOPDHR-Geneva note que ‘’l’Algérie ne se limite pas à la fermeture de l’espace public aux militants du Hirak, elle continue sa répression ciblant les avocats de ces militants qui sont, à leur tour, exposés à des peines d’emprisonnement, comme en témoigne le cas de Abdelkader Chohra, avocat de Rachid Nekkaz, poursuivi pour ses déclarations et son dépôt de plainte contre l’État algérien dans le cadre de l’affaire du défunt, Hakim Debazi’’.
Á cet égard, l’IOPDHR-Geneva considère la condamnation de Rachid Nekkaz -tenant compte de son état de santé (atteint d’un cancer)- à 5 ans de prison avec interdiction de ses droits civils et politiques comme étant une condamnation à mort.
Face à cette situation préoccupante, l’Observatoire demande aux autorités algériennes de libérer le militant Rachid Nekkaz et rejeter toutes les charges retenues contre lui, de respecter ses obligations en vertu du droit international, de faire abroger ou réviser les lois qui sont en contradiction avec la liberté d’expression, d’association et de réunion, et d’empêcher que la loi ne soit utilisée pour réprimer les défenseurs des droits de l’Homme et restreindre leurs droits fondamentaux.
L’Observatoire exige, de même, la fin de la persécution des défenseurs des droits humains et des journalistes, et des poursuites fondées sur des articles de la législation restreignant la liberté d’expression. Il demande, en outre, la libération des défenseurs des droits humains détenus pour terrorisme avec abandon des charges retenues contre eux, et libération de tous les militants du Hirak et le rejet des charges retenues contre eux sans atermoiement.