Les arabes et le Sahara Marocain
Alors que le Maroc est en train de livrer sa dernière bataille diplomatique pour convaincre l’ensemble des acteurs internationaux de la pertinence de la solution de l’autonomie qu’il propose, la sortie calculée ou maladroite de Ban Ki-Moon l’oblige à procéder à un minutieux comptage de ses amis, de ses alliés et des adversaires. Partant d’un préjugé, politiquement justifié, que la grande décision politique viendrait d’Europe et d’Amérique qui monopolisent à elles seuls la majorité de sièges du conseil de sécurité, la lumière a été rarement jetée sur cet espace arabe, avec ses alliances mouvantes, sa capacité à influencer des grandes décisions et à exercer une pression.
Par Mustapha Tossa
Pour la Libye qui attend toujours la formation de son gouvernement nationale pour affronter l’organisation terroriste de l’Etat islamique, sa perception du Polisario sera forcément différente de celle qu’entretenait le régime démantelé de Mouammar khaddafi. L’ancien Raïs libyen utilisait la carte du Polisario pour pouvoir réaliser une lubie personnelle en pesant sur les rapports de force dans cette région. Quelque soit la couleur politique du futur gouvernement, il sera difficile de le voir prendre partie pour les séparatistes du Polisario alors que la paix civile, que l’entente nationale libyenne est née à Skhirat sous couveuse politique marocaine et que le gouvernement marocain est profondément impliqué dans la stabilisation de la Libye devenu un havre de paix pour les organisations terroristes. Pour la Tunisie, malgré le tropisme algérien de son vieux président Beji Caïd Essebsi et son ancienne relation d’amitié avec le président Bouteflika, la diplomatie tunisienne ne peut sortir des rails de la philosophie traditionnelle du pays qui considère la problématique du Sahara marocain comme un conflit artificiellement entretenu pour bloque l’unité du Maghreb arabe. La classe politique et médiatique tunisienne n’éprouve aucune sympathie pour les séparatistes du Polisario.
Avec l’Égypte de Abdelfatah Sissi, après un malentendu médiatique qui avait failli dégénérer en crise politique, la relation entre les deux pays à repris sa trajectoire normale. Le Caire soutient à fond le Maroc dans cette bataille et l’attitude du représentant égyptien aux nations unies semblait avoir joué un rôle dans la formulation d’un réponse adéquate à Ban Ki-Moon pour leur signifier son erreur de posture et d’approche. Cette relation avec l’Egypte est amenée à se consolider d’avantage avec la prochaine visite du président Sissi au Maroc.
Avec les pays du golfe et leur tête l’Arabie saoudite, le Maroc est en alliance stratégique structurelle. Le Royaume avait mis à la disposition de ces pays amis ses hommes, son expertise militaire, son savoir faire sécuritaire pour protéger les intérêts et les aider à défendre leurs agendas. Il était donc naturelle que ces pays du golfe se rangent derrière le Maroc dans son combat, diplomatique pour le moment, avec l’Algérie. Dans ce cadre l’Arabie Saoudite a procédé à un geste d’une extrême importance politique et symbolique, celui de donner le feu vert à ses gros investisseurs de s’intéresser au Sahara marocain pour animer les projets structurants qui sont en train de changer la physionomie de la région et lui écrire un autre destin que celui de l’isolement et de la pauvreté.
Dans l’ensemble de l’espace arabe, à l’exception de quelques accidents de parcours avec les évolutions de la crise syrienne qui obéit d’avantage une approche de compétition régionale entre sunnites et chiites , Le Maroc semble avoir avec lui l’ensemble des acteurs arabes. L’Algérie est isolés dans sa haine du Maroc et son volonté d’imposer le séparatisme et de morceler la région. La carte arabe est de ce fait une carte très précieuse pour la diplomatie marocaine dans sa volonté de convaincre ses alliés de la pertinence de la solution qu’elle propose pour clore une bonne fois pour toutes quarante années de tension et d’impasse.