La consécration de cette jeune journaliste qui revendique avec fierté une triple culture marocaine, turque et allemande, a été recommandée par les parents de Daniel Pearl, le journaliste américain du Wall Street Journal qui avait été assassiné au Pakistan par Al Qaïda, précise-t-on de même source, ajoutant que ce prix sera remis à Souad Mekhennet le 10 novembre prochain, à l’occasion du 78è diner annuel de la CJA.
Dans son message de recommandation, la Fondation Daniel Pearl affirme être fière de se joindre à la CJA afin d’"honorer Souad Mekhennet dans ses efforts visant à percer l’opacité entourant les membres de l’Etat islamique", notant que la lauréate de cette année "illustre bel et bien l’esprit de courage et d’intégrité de Daniel, ainsi que son engagement intransigeant envers la recherche de la vérité".
De son côté, le président de la CJA, Allen Rafalson, s’est dit honoré de décerner ce prix chaque année à des journalistes comme Souad Mekhennet qui "sont attachés aux normes élevées du journalisme que Daniel Pearl défendait de son vivant".
La distinction, créée en 2002 en hommage à Daniel Pearl, récompense le courage et l’intégrité dans le journalisme. Parmi les récipiendaires du Prix figurent notamment le journaliste vedette de la chaine d’information en continu CNN, Wolf Blitzer, et la non moins célèbre Martha Raddatz (ABC), ains que Lara Logan (CBS).
Née en Allemagne d’un père marocain et d’une mère turque, Mekhennet est la première femme musulmane à remporter le Prix Daniel Pearl.
En plus de son travail pour le Washington Post, elle a déjà fait des reportages pour le compte du New York Times et Der Spiegel, ainsi que d’autres publications. Elle est diplômée notamment du Harvard’s Weatherhead Center for international Policy, de la John Hopkins School of Advanced International Studies, and du Geneva Center for Security Policy.
Souad Mekhennet est très connue pour ses reportages sur le terrorisme et plus particulièrement pour son ouvrage "I was Told to Come Alone : My Journey Behind the Lines of Jihad" (Edition Henry Holt, juin 2017) qui a été best-seller du Washington Post.
Dans cet ouvrage, qui se lit comme un thriller, l’auteure prend des risques personnels pour aller au-delà des sentiers battus et des conforts des rédactions en pénétrant, au gré de ses récits de première main au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Europe, l’esprit de ces jeunes, qui constituent la proie des marchands de la mort.
De ses pérégrinations, l’on retiendra un travail d’investigation minutieux qui a permis de divulguer l’identité de "Jihadi John", ce bourreau qui se pavanait devant les caméras et exhibait l’exécution barbare de personnes qui avaient le tort de ne pas partager sa vision exécrable du monde.
Avec son dernier ouvrage, Souad Mekhennet a apporté une contribution qui souligne la nécessité d’un débat profond et bien informé sur le fléau du terrorisme, sa nature, ses causes et ses implications tout en veillant à poser les vraies questions et à placer ce débat dans son véritable contexte.