Le Président Ben Ali annonce son départ en 2014, les Tunisiens expriment leur joie
Dans une allocution télévisée après quasiment un mois de contestation dans la rue, le chef de l’Etat, au pouvoir depuis 1987, a annoncé qu’il ne briguerait pas de nouveau mandat en 2014. Il a aussi promis la liberté de la presse, la levée des restrictions au fonctionnement des sites internet ou encore l’interdiction faite aux forces de l’ordre de tirer sur les manifestants
Le président tunisien, M.Zine El Abidine Ben Ali, a annoncé jeudi son intention de ne pas briguer un nouveau mandat présidentiel en 2014.
Le président, qui intervenait pour la troisième fois à la télévision depuis le début des troubles, a promis le renforcement de la liberté de la presse, de la démocratie de la pluralité politique et liberté d’expression. "La situation aujourd’hui nécessite un profond changement et appelle à travailler main dans la main (le pouvoir et les opposants) pour le bien du pays", a encore dit le président tunisien.
Il a également appelé tous les acteurs politiques et représentants de la société civile et des centrales syndicales à agir de concert pour mettre un terme aux actes de violence et de vandalisme dans le pays, tout en annonçant plusieurs mesures pour détendre le climat de tension en Tunisie.
Les Tunisiens expriment leur joie dans la rue
Les Tunisiens sont descendus en masse dans les rues de leur pays dans la nuit de jeudi à vendredi pour profiter d’un souffle nouveau de liberté après les annonces du président Zine el Abidine Ben Ali. Ils ont dansé au rythme des concerts de klaxon et chanté l’hymne national en agitant le drapeau de leur pays.
"Nous ne nous attendions pas à ce discours", a réagi un homme, Mohamed Ali, dans le quartier Lafayette à Tunis où quelques heures plus tôt la police avait ouvert le feu sur des manifestants. "La chose la plus importante, c’est la liberté, la liberté, la liberté", a-t-il ajouté.
Sonia Ayari, autre personne descendue dans la rue pour célébrer les annonces présidentielles, a souligné: "Nous saluons le courage de Ben Ali même si cela vient tard."
A El Omran, un faubourg de la capitale tunisienne, des femmes sont descendues dans la rue en ignorant le couvre-feu imposé la veille. Elles ont scandé "Viva Ben Ali".
A Sidi Bouzid, d’où le mouvement est parti en décembre après le suicide par immolation d’un jeune homme, quelques personnes ont chanté et dansé pour exprimer leur joie, selon des syndicalistes sur place.
Habituellement exempte de toute critique à l’égard du pouvoir, la télévision tunisienne a paru transformée. Des personnalités telles que l’opposant Taoufik Ayachi ou Naji Baghouri, président déchu du syndicat des journalistes tunisiens, sont apparues sur les écrans dans la soirée après avoir été systématiquement écartées auparavant. Les téléspectateurs ont pu assister à un débat animé au sujet des médias tunisiens au cours duquel un intervenant a brisé un tabou en critiquant un membre de la famille du président.
Le changement était aussi perceptible sur internet, que les autorités tentaient auparavant de contrôler pour éviter la diffusion des images ou des mots d’ordre des contestataires. Les sites de partage de vidéos YouTube et Dailymotion ont recommencé à fonctionner et le site du journal français Le Monde était à nouveau accessible après plusieurs mois de blocage.
"Après 23 ans, nous avons obtenu notre liberté", était-il écrit dans un commentaire posté sous le nom d’Ayman.
Le leader d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Abou Moussab Abdel Wadoud, a lui appelé les manifestants à renverser M. Ben Ali, selon le service américain de surveillance des sites islamistes SITE.