Citée dans l’hebdomadaire allemand Der Spiegel à paraître lundi, la ministre allemande de la Justice, Sabine Leutheusser-Schnarrenberger, estime que légiférer sur cette question va être difficile. "La chose est plus compliquée que de rajouter une petite phrase simple quelque part, comme certains se l’imaginent", a dit Mme Leutheusser-Schnarrenberger.
"Je n’exclus pas après ce débat émotionnel que la loi atterrisse devant la Cour constitutionnelle allemande", a ajouté la ministre appartenant au petit parti libéral (FDP) de la coalition gouvernementale.
Les représentants du Bundestag (chambre basse du Parlement) avaient, dans leur majorité, appelé jeudi le gouvernement allemand à légiférer d’ici l’automne et à garantir le droit à la circoncision religieuse dès lors qu’elle ne s’accompagne pas de "souffrances inutiles".
Ils réagissaient ainsi au climat d’incertitude provoqué par un jugement rendu le 26 juin par le tribunal de grande instance de Cologne (ouest). Ce dernier avait considéré que l’ablation du prépuce pour motif religieux relevait de coups et blessures volontaires et était donc passible de poursuites pénales.
L’hebdomadaire allemand Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung, paru dimanche, se faisait l’écho d’un certain scepticisme de voir une législation votée à l’automne dans les rangs des députés, déjà indisposés par la rapidité de la résolution.
L’ampleur de la polémique déclenchée par le jugement de Cologne avait obligé le gouvernement à monter au créneau, avant la résolution du Bundestag. "La liberté des activités religieuses est un droit auquel nous sommes très attachés", avait affirmé Steffen Seibert, porte-parole de la chancelière Angela Merkel, assurant que son gouvernement voulait trouver une solution.
Dans un entretien à l’hebdomadaire allemand Focus, à paraître lundi, le président du Conseil central des Juifs en allemagne, Dieter Graumann, a estimé que le débat sur la circoncision religieuse ne devait pas être taxé d’antisémitisme.
"Cela n’a rien avoir", a-t-il dit, tout en avouant sa surprise de l’ignorance d’une grande partie de la population sur ces pratiques religieuses. Il a de son cô té salué la résolution au Bundestag, dans un pays qui compte quelque 4 millions de musulmans et plus de 200.000 juifs, deux communautés pratiquant la circoncision.
Selon des estimations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 30% des garçons de 15 ans et plus sont circoncis. Aux Etats-Unis par exemple, une majorité de garçons subissent cette intervention, au nom de l’hygiène autant que du conformisme social.