Le candidat Hollande au Bourget : «Mon véritable adversaire, c’est le monde de la finance»
La campagne électorale de François Hollande a franchi un cap dimanche après-midi. A trois mois pile du scrutin, et à quatre jours de l’annonce de son programme, ce dernier s’est exprimé devant 200.000 personnes lors d’un meeting géant au Bourget. L’objectif de ce premier grand « show » était de donner au candidat la stature présidentielle et l’élan populaire nécessaires dans cette dernière ligne droite. Pour cela, le favori des sondages n’a pas lésiné sur les moyens : mini-concert de Yannick Noah, distribution de t-shirts, de drapeaux, et discours fleuve d’une heure et demie, au cours duquel François Hollande s’est posé en héritier et défenseur des valeurs de la gauche pour « changer le destin de notre pays ». .
"Mon véritable adversaire, c’est le monde de la finance"
François Hollande a vertement attaqué le "monde de la finance", un adversaire qui "n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, qui ne présentera jamais sa candidature, et qui pourtant gouverne".
Le candidat socialiste a promis qu’il "engagerait les premières mesures contre la finance" par le biais d’une "réforme bancaire", avant même les législatives en juin. Dans cette loi, "les banques seront obligées de séparer leurs activités de crédit et de spéculation, les produits financiers sans lien avec les nécessités de l’économie réelle, seront purement et simplement interdits, et les stock options et les bonus seront encadrés".
Le député de Corrèze a également plaidé pour "une agence publique de notation au niveau européen" et pour "une taxe sur toutes les transactions financières, non pas le rétablissement de l’impôt de bourse [mais] une véritable taxe avec ceux en Europe qui voudront la mettre en place avec nous".
Une nouvelle tranche d’imposition
Le candidat socialiste a proposé l’instauration d’une tranche d’imposition supplémentaire à "45 % d’impôt sur le revenu pour ceux qui touchent plus de 150 000 euros" par an.
Favoriser la construction de logements
Autre préoccupation du candidat : résoudre la pénurie de logements, notamment pour les plus pauvres. Pour y remédier, il a proposé de "mettre à la disposition" des collectivités locales tous les terrains disponibles de l’Etat "dans un délai de cinq ans" pour construire des logements.
Dans le même ordre d’idée, il s’est engagé à "doubler" le plafond du Livret A afin de financer davantage de logements sociaux.
Une mesure qui se doublerait d’une "multiplication par cinq des sanctions qui pèsent sur les communes qui bafouent la loi de solidarité urbaine" (SRU), qui impose un taux de 20% de logements sociaux à chaque commune de plus de 3.500 habitants.
Un "nouveau traité franco-allemand
Il faut "ouvrir un nouveau cycle en Europe, celui d’une coopération économique, industrielle, énergétique entre nos deux pays", a expliqué M. Hollande, qui a déploré le manque de "mouvement" qui selon lui mine l’Europe.
Pour ce faire, il veut proposer en janvier 2013, soit 50 ans après le traité de l’Elysée, un "nouveau traité franco-allemand" à la chancelière Angela Merkel, s’il est élu en mai.
"Sur le plan européen, mon premier déplacement sera pour rencontrer la chancelière d’Allemagne et pour lui dire que nous devons ensemble changer l’orientation de l’Europe dans la croissance et dans le lancement de grands travaux", a t-il expliqué. "Je proposerai donc à nos amis allemands une nouvelle relation de vérité. De leur côté, ils devront faire preuve de solidarité. L’Allemagne ne restera pas forte dans une Europe faible. Elle ne restera pas riche dans une Europe appauvrie, voilà la vérité".
Accélérer le retrait d’Afghanistan
Deux jours après la mort de quatre soldats français en Afghanistan, le candidat socialiste a réitéré sa volonté de voir le retrait des troupes accéléré. "Notre mission est terminée" dans ce pays, a t-il expliqué.
Vendredi, François Hollande avait déjà réaffirmé sa "volonté de retirer nos forces d’Afghanistan, le plus rapidement possible, au plus tard à la fin de l’année 2012".
Laïcité : "Inscrire la loi de 1905 dans la Constitution"
Le favori des sondages s’en est indirectement pris à Nicolas Sarkozy, coupable selon lui de négliger le respect de la laïcité.
"Présider la République, c’est être viscéralement attaché à la laïcité", a t-il lancé. La laïcité "est une valeur qui libère et qui protège, c’est pourquoi j’inscrirai la loi de 1905, celle qui sépare l’Eglise de l’Etat, dans la Constitution"
Plaidoyer en faveur de la justice et de l’égalité.
François Hollande s’est livré a un long et vibrant plaidoyer en faveur de la justice et de l’égalité. L’égalité qu’il a scandée à maintes reprises. « C’est pour les jeunes, a-t-il dit, que je veux présider la France » au nom de ce que François Hollande appelle le « rêve français », c’est-à-dire la promesse républicaine que la génération d’après vivra mieux que la précédente.
Un rêve aujourd’hui compromis par la crise, mais c’est sur ce critère-là que François Hollande entend être jugé dans cinq ans s’il est élu en mai prochain, bien sûr.