"L’importance de l’Afrique dans la politique étrangère du Maroc ne date pas d’aujourd’hui, le royaume ayant développé depuis des siècles des relations historique, politique, économique et humaine", a déclaré à Atlasinfo le directeur du Centre des études africaines à Rabat, Yahia Abou Farès.
"Ce continent a toujours occupé une place importante dans la politique étrangère du Maroc et cette réalité a été confirmée par la nouvelle constitution qui a insisté avec force sur la dimension africaine de l’identité marocaine ainsi que sur l’importance du développement de la coopération sud-sud», a observé ce chercheur universitaire.
Vendredi, à son arrivée à Dakar, première étape d’une tournée africaine qui mènera en outre le roi du Maroc en Côte d’Ivoire et au Gabon, un accueil chaleureux et populaire a été réservé au souverain marocain aussi bien de la part de la population que de la part du président et du gouvernement sénégalais.
Yahia Abou Farès a rappelé à cet égard que le roi du Maroc a effectué durant les dernières années plus de 20 visites officielles en Afrique, englobant 15 pays «frères ». "Le développement de la coopération bilatérale et multilatérale figure au centre de la stratégie africaine du Maroc», a noté le directeur du centre des études africaines soulignant que sur un plan strictement religieux, la « propagation de l’islam en Afrique subsaharienne s’était réalisée à partir du Maroc".
"La contribution de la confrérie Tijania dont le chef religieux et spirituel est enterré à Fès,, la capitale du savoir au Maroc, est très importante dans les relations religieuses entre le royaume et l’Afrique de l’ouest", selon M. Abou Farès.
L’aide au développement au continent noir a également constitué le moteur de la stratégie du royaume. Il a augmenté ses aides au profit de nombreux pays, réalisé une série de projets socio-économiques et annulé les dettes des pays africains, selon des observateurs. A cela s’ajoute, a indiqué pour sa part un diplomate africain en poste à Rabat, « un très grand effort » dans la formation des cadres africains car le Maroc abrite une communauté estudiantine de 10.000 personnes.
Selon le Centre des études africaines de Rabat, le Maroc se place en outre toujours aux côtés des Africains lorsque ces derniers passent par des moments difficiles quand il s’agit de sécheresse, des maladies, des catastrophes naturelles ou des conflits.
"Le Maroc joue un rôle très essentiel dans les relations avec l’Afrique"
Dernièrement, le royaume a été le premier pays à envoyer au Mali une aide humanitaire d’urgence de plus de 40 tonnes de vivres et de médicaments. Ce soutien est le dernier "d’une longue liste du Maroc en Afrique". "Ces dernières années, nous avons constaté un retour en force du Maroc en Afrique, la cadence et la substance de ce retour ont énormément progressé", a estimé un autre chercheur universitaire, Manar Slim.
En matière de sécurité, sa vision et son approche sur des évènements telle que la situation dangereuse prévalant dans la région sahélo-saharienne « ont été appréciées et saluées » par la communauté internationale.
"Le Maroc joue un rôle très essentiel dans les relations avec l’Afrique", a pour sa part estimé Tajeddine Housseini, professeur de droit international à Rabat, indiquant que le Maroc a commencé à concentrer ses efforts sur l’Afrique notamment depuis 1984 quand le royaume a quitté la défunte Organisation de l’Unité Africaine (actuellement l’Union africaine) suite à la machination orchestrée par l’ancien secrétaire général de l’ONU Edem Kedjo.
Ce dernier, a-t-il rappelé a réalisé "+l’escroquerie de ce siècle+ en offrant l’admission de la +fantomatique république sahraouie au sein de son organisation+". "Je pense qu’il faut intensifier ces relations. Le Maroc et le Sénégal sont liés par un total de 480 accords", a affirmé M. Housseini.
Il a par ailleurs appelé à la mise en place au Maroc de la « diplomatie parallèle » en direction de l’Afrique. "L’engagement officiel est intéressant mais il faut que les partis politiques, les ONG et les députés agissent de leurs côtés pour sensibiliser les Africains sur la juste cause du Maroc à savoir son sahara. La politique de la chaise vide ne paie plus. Il faut agir auprès notamment de l’Afrique du Sud et du Nigéria, ces deux pays étant hostiles à notre l’intégrité territoriale , a souligné ce membre d’honneur du Comité diplomatique au Maroc.
Ce chercheur a d’autre part dénoncé la "partialité" de l’Envoyé spécial de l’ONU au Sahara Christopher Ross qui a récemment "marquée sa préférence" en assistant à une réunion de propagande pour le Polisario.
Selon M. Housseini, "cet homme est rentré dans le jeu de l’Algérie d’une manière claire"».