La présidence Trump en crise, les relations avec Moscou en question
Donald Trump tentait mardi de trouver la parade après la démission de son conseiller à la sécurité nationale Michael Flynn qui soulève des interrogations sur sa capacité à s’entourer mais aussi sur l’épineux dossier de ses relations avec Moscou.
Mis en cause pour ses contacts avec l’ambassadeur russe à Washington, Sergey Kislyak, l’ancien général Flynn a été contraint de jeter l’éponge.
Dans sa lettre de démission, il a reconnu avoir "par inadvertance trompé le vice-président élu" (Mike Pence) en lui fournissant des informations incomplètes sur discussions téléphoniques le diplomate russe.
La Maison Blanche tentait mardi de limiter les dégâts: Kellyanne Conway, proche conseillère de M. Trump, passait d’une chaîne de télévision à l’autre pour essayer de résumer l’affaire aux approximations d’un conseiller.
Pourquoi la Maison Blanche, qui avait été informée il y a plusieurs semaines par le ministère de la Justice de la nature de ces informations, n’a-t-elle pas réagi ?
"Le président est très loyal. La situation est devenue intenable hier (lundi) soir et il accepté la démission du général Flynn. Aujourd’hui, il passe à autre chose", a-t-elle répondu, en restant évasive sur le fond.
Mais les conséquences diplomatiques de cette spectaculaire démission restent à mesurer.
Et la nature des relations avec Moscou de Donald Trump, qui a multiplié pendant sa campagne les propos flatteurs envers son homologue russe Vladimir Poutine, devraient faire l’objet d’une attention renouvelée.
Or la question est politiquement sensible: la Russie est l’un des rares sujets qui a provoqué de réelles tensions entre Donald Trump et les élus républicains du Congrès, par ailleurs plutôt loyaux car ravis de voir se mettre en place un programme résolument conservateur après deux mandats Obama.
"C’est une affaire intérieure aux Etats-Unis (…). Ce ne sont pas nos affaires", s’est borné à indiquer mardi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
L’ancienne ministre américaine de la Justice par intérim et le Congrès ont lancé des enquêtes distinctes sur de possibles liens entre des conseillers de la campagne Trump et Moscou.
Le renseignement américain a d’ores et déjà conclu que le président russe Vladimir Poutine était lui-même intervenu pour interférer dans l’élection.
"La démission de Flynn pourrait être l’événement déclencheur de nouvelles investigations", estime Julian Zelizer, enseignant à Princeton University, dans une tribune publiée sur CNN.com.
Ingérence de Moscou ?
Lors de ses discussions téléphoniques avec l’ambassadeur de Russie, en décembre, Michael Flynn avait déjà été désigné à ce poste clé mais l’équipe Trump était encore en pleine période de transition, trois semaines avant de prendre officiellement les rênes du pouvoir.
Et ses conversations ont eu lieu alors que les Etats-Unis venaient de découvrir la possible ingérence de Moscou dans la campagne présidentielle américaine, afin de soutenir Donald Trump.
Les soupçons sont graves: au moment même où l’administration Obama ordonnait des sanctions contre la Russie pour son ingérence présumée dans l’élection américaine, Michael Flynn aurait assuré à son interlocuteur qu’il ne fallait pas trop s’inquiéter des nouvelles sanctions et que les relations s’amélioreraient après l’investiture le 20 janvier.
A l’époque, Barack Obama avait décidé de sanctionner quatre personnalités et cinq entités et il avait aussi expulsé 35 diplomates russes.
Lorsque l’existence de ces conversations téléphoniques avait fait surface au tout début de l’année, l’ancien général avait nié toute évocation des sanctions.
Mais M. Flynn était finalement revenu vendredi sur ses dénégations, via un porte-parole: "Bien qu’il ne se souvienne pas d’avoir parlé des sanctions, il ne peut être certain que le sujet n’a jamais été abordé".
La nomination de Michael Flynn, personnalité controversée qui figurait parmi les inspirateurs des idées de Donald Trump sur les questions internationales, avait suscité des remous.
Dans le renseignement, beaucoup estimaient qu’il ne convenait pas à ce poste crucial, certains affirmant qu’il avait été retiré de la tête du renseignement militaire (DIA) après seulement deux ans pour mauvaise gestion.
Le général à la retraite Joseph Kellogg a été désigné pour assurer l’intérim au poste très influent de patron du Conseil de sécurité nationale (NSC).
Mais Donald Trump devra rapidement lui trouver un successeur: le vice-amiral Robert Harward, ancien commandant adjoint du Commandement militaire central, et le général David Petraeus, faisaient partie des noms les plus cités par les médias américains.
(Source AFP)