Le nom de cette mère de famille âgée de 29 ans, convertie à l’islam à l’adolescence, revient régulièrement depuis des années dans des affaires terroristes en Afrique de l’Est. Son visage souriant, illuminé par des yeux bleus et encadré d’un simple voile, a souvent fait la une des médias britanniques.
Lundi soir, la ministre kényane des Affaires étrangères, Amina Mohamed, a affirmé qu’une Britannique avait participé à l’assaut sanglant du centre commercial de Westgate à Nairobi revendiqué par les islamistes somaliens shebab. Elle a commis des actions similaires "à de nombreuses reprises", a-t-elle ajouté sans fournir d’identité.
Ses déclarations contredisent cependant celles faites quelques heures plus tôt par le ministre kényan de l’Intérieur, Joseph Ole Lenku, qui avait démenti la présence de femmes dans le commando de Westgate. Londres refuse de commenter.
Mardi, la presse britannique évoquait la possible implication de Samantha Lewthwaite, fille cadette d’un militaire britannique, élevée dans la petite ville de Aylesbury dans le nord-ouest de Londres.
Elle est propulsée pour la première fois à la Une de l’actualité en 2005, après les attentats de 7 juillet à Londres (56 morts). Son mari, Germaine Lindsay, 19 ans, vient de se faire exploser sur la ligne de métro Piccadilly, faisant à lui seul 26 morts. Elle est alors enceinte de sept mois de son deuxième enfant.
Très rapidement, Samantha Lewthwaite, condamne "de tout (son) cœur" l’acte commis par son mari, rencontré sur internet quelques années plus tôt. Les mosquées "ont empoisonné son esprit", affirme-t-elle alors, qualifiant les attentats de Londres de "destruction incompréhensible".
L’itinéraire de Samantha Lewthwaite après ces attaques est extrêmement difficile à retracer. Mais en 2011, la police kényane annonce rechercher la jeune femme, mère désormais de trois enfants. Elle voyagerait sous une fausse identité, Natalie Faye Webb, avec un passeport sud-africain. Mardi, Pretoria a indiqué enquêter sur cette affaire.
Depuis deux ans environ, Samantha Lewthwaite est en cavale. Elle est surnommée par des extrémistes "Dada Muzungu", la sœur blanche en langue swahili selon le quotidien kényan Daily Nation.
Son nom circule à propos de l’organisation d’attentats visant des intérêts occidentaux au Kenya il y a deux ans.
Le procès de son complice présumé dans cette affaire, Jermaine Grant, a repris mardi à Mombasa: ce jeune Britannique avait été arrêté en décembre 2011 dans cette ville de la côte est du Kenya, en possession de produits chimiques, batteries et interrupteurs destinés, selon l’accusation, à confectionner des explosifs.
Le nom de Samantha Lewthwaite refait surface aussi en 2012 au Royaume-Uni. La police britannique la soupçonne alors d’être impliquée dans un complot visant notamment des hôtels et l’école prestigieuse d’Eton en Angleterre, selon le Sunday Times.
En quelques années, la jeune femme est devenue "quasi mythique", estime un spécialiste du terrorisme à l’institut londonien Rusi, Raffaello Pantucci. "Je ne pense pas qu’il y ait de preuves concrètes de son implication" dans l’attaque de Nairobi, mais "le fait qu’elle soit mentionnée dans ce contexte n’est pas surprenant", ajoute-t-il.
Le nom de la Britannique a aussi circulé sur un compte Twitter attribué aux shebab par la presse britannique, et désormais fermé: "Sherafiyah lewthwaite aka samantha est une femme courageuse. Nous sommes contents de la compter dans nos rangs".
