L’assaillant d’Orly, Ziyed Ben Belgacem, un passé de violence et des signes de radicalisation

Il était prêt à aller « jusqu’au bout »: le Français Ziyed Ben Belgacem, tué samedi à l’aéroport parisien d’Orly après avoir attaqué des militaires, était un braqueur, délinquant multirécidiviste, qui avait montré des signes de radicalisation.

Il était "là pour mourir par Allah" et promettait "des morts". Ses derniers mots, rapportés par le procureur de la République de Paris François Molins, dessinent "un individu extrêmement violent", avec une intention terroriste, déterminé à "aller jusqu’au bout" de son "processus destructeur", selon le magistrat.

Comment ce Français de 39 ans, né à Paris, en est-il arrivé à s’attaquer à une militaire de l’opération anti-terroriste Sentinelle, à engager un long corps-à-corps avec elle et à lui dérober son fusil d’assaut, avant d’être abattu par l’un des deux autres soldats de la patrouille?

Son passé judiciaire esquisse le profil d’un délinquant chevronné, habitué des tribunaux et des séjours derrière les barreaux. Son casier porte neuf mentions : violences, outrages, recel… Et dès 2001, une condamnation à cinq ans de prison pour vol à main armée.

Ce séjour en prison n’est pas le seul. En 2009, cet homme au visage dur et aux sourcils broussailleux est condamné successivement à trois puis cinq ans d’emprisonnement pour trafic de stupéfiants.

Au cours d’un de ces séjours en détention, il laisse transparaître "des signaux de radicalisation", en 2011 et 2012, selon M. Molins. L’homme n’est pas pour autant fiché S (sûreté de l’Etat), mais son profil justifie une perquisition administrative chez lui, dans le cadre de l’état d’urgence en 2015. Sans résultat.

L’assaillant vivait au sixième étage d’un immeuble dans un quartier populaire de Garges-lès-Gonesse, en banlieue nord de Paris. Plusieurs voisins décrivent à l’AFP un homme sombre et renfermé, que nul ne connaissait réellement. Il semblait solitaire.

Nul n’avait idée de son passé carcéral, ni de son inculpation dans une affaire de cambriolage, pas plus tard qu’en mars 2016. Depuis septembre et sa dernière sortie de prison, il était sous contrôle judiciaire.

"La dernière fois que je l’ai vu, c’était il y a trois jours. Il avait l’air déterminé comme s’il voulait en découdre avec sa famille ou ses collègues. (…) Cet homme vivait recroquevillé chez lui", confie Hamid, un voisin du cinquième étage.

"Parfois on se croisait à l’ascenseur, c’est tout. Il portait des tenues de sport. (…) Il avait une tête qui faisait peur. Un petit diable vraiment", se rappelle Hatice, sa voisine de palier.

Rien ne montre à ce stade qu’il aurait effectué des séjours à l’étranger, selon le procureur de Paris, contrairement à de nombreux islamistes radicaux.

De la cocaïne a été retrouvée chez lui, et il avait ses habitudes dans un bar italo-cubain au sud de Paris. Un endroit connu pour ses nuits agitées, selon un riverain.

C’est là qu’il s’est immédiatement rendu après avoir tiré au petit matin sur un policier qui tentait de le contrôler au nord de Paris, car il roulait trop vite et tous feux éteints. Dans ce bar, il met les clients en joue avec son pistolet à grenailles et tire à nouveau, sans faire de blessés.

A ses proches, il a confié au téléphone avoir fait "des bêtises". Engagé dans "une sorte de fuite en avant avec un processus de plus en plus destructeur qui va visiblement crescendo", selon le procureur, il vole ensuite une voiture. Direction Orly, avec sur lui un bidon d’hydrocarbures et un Coran.

AFP

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