L’Algérie expulse, Le Maroc régularise
L’actualité africaine de ces derniers jours a cette spécificité rare de provoquer des télescopages à la fois denses et symboliques. Ils mettent en scène deux visions contradictoires, deux approches différentes de traiter les affaires africaines par les deux grands pays du Maghreb que sont l’Algérie et le Maroc. Ce qui reflète à la fois leurs antagonismes latents et leurs divergences stratégiques.
Par Mustapha Tossa
Les autorités algériennes ont frappé l’opinion internationale par le lancement d’une grande politique de rafle à l’encontre des immigrés issus des pays du sud du Sahara. Cette gigantesque opération de chasse à l’homme rappela des mauvais souvenirs à une opinion européenne encore traumatisée par ses propres fractures historiques. La violence de cette opération fut accompagnée par une lugubre justification sociétale et sanitaire. Et elle ne provoqua que plus de scandales qu’elle fut exprimé par une grande autorité chargée défendre les droits de l’homme en Algérie, M. Farouk Ksentini qui balance à la presse des déclarations aux relents ouvertement racistes. A propos des citoyens subsahariens, il affirme que "les migrants africains n’ont pas d’avenir ici en Algérie (..) Je pense qu’ils sont responsables de la propagation de ces maladies en Algérie ( ..) Nous sommes exposés au risque de la propagation du Sida ainsi que d’autres maladies sexuellement transmissibles à cause de la présence de ces migrants ».
Ce discours a eu le don de clarifier la nature des rapports que les autorités algériennes entretiennent avec les citoyens africains, basés sur l’exclusion, le racisme et la ségrégation. En quelques phrases et en quelques décisions, le maquillage de la politique africaine du pouvoir algérien se fissura, démontant subitement ce mythe entretenu à coup de millions d’euros de l’Algérie tiers monadiste, amie et soutien des peuples d’Afrique. L’organisation dans la foulée d’un forum pour l’investissent en Afrique à Alger a dévoilé les dysfonctionnements et les luttes claniques de l’appareil de l’Etat. Cet événement resté dans les annales comme un grand fiasco indicateur de la déliquescence du pouvoir Algerien a non seulement transformé l’Algérie en risée du continent, mais conforta ce sentiment de légèreté et d’amateurisme avec lesquelles les affaires africaines sont traitées à Alger.
Pendant ce temps, le Maroc lance sa seconde vague de régularisation des immigrants africains. Le Maroc, terre d’accueil et d’intégration, joint la parole de son envie de participer au développement de l’Afrique au geste de l’intégration de ces citoyens venus demander refuge ou asile sur son territoire ou simplement venus participer à son essor économique. Cette vague de régularisation lancé au Maroc, n’est que la traduction de la volonté du Roi Mohammed VI de mettre en pratique "une politique solidaire" et une approche humaine " pour accueillir les migrants et garantir leur intégration au sein de la société marocaine.
Cette politique marocaine d’accueil des migrants a déjà eu l’occasion de forcer l’estime des organisations internationales qui y ont salué un sens de l’ouverture, de la tolérance et de l’empathie et une indéniable capacité d’intégration d’un pays connu pour être historiquement le creuset de multiples flux migratoires.
La morale de l’histoire est que face aux véritables enjeux africains, quand il s’agit de prendre des décisions déterminantes, les discours artificiels et hypocrites tombent le masque. Quand l’Algérie expulse, stigmatise, jette l’anathème sur les citoyens africains obligés de traverser son territoire, les accusant de n’être qu’un agent propagateur de maladies, le Maroc accueille, régularise et intègre. Face à ces drames humains, le Maroc ouvre les bras, donne l’asile et partage le toit. Ces choix stratégiques montrent une réalité qui saute aux yeux aujourd’hui: L’engagement marocain pour le continent africain à travers de multiples projets de développement est sérieux et sincère. Tandis qu’à Alger, l’Afrique dans son ensemble n’est qu’un terrain de manipulation et d’instrumentalisation et de politique de basse boutique.