Irak: les Kurdes défient Bagdad et votent sur leur indépendance

Les Kurdes d’Irak votaient lundi en faveur de leur indépendance, malgré de vives oppositions à Bagdad et à l’étranger, lors d’un référendum historique qui doit ouvrir la voie à un État pour lequel ils luttent depuis près d’un siècle.

Si le résultat du scrutin, attendu 24 heures après la fermeture des bureaux, ne fait aucun doute –la majorité des Kurdes étant acquis au "oui"–, le président de la région autonome Massoud Barzani a prévenu que ce vote n’entraînerait pas immédiatement l’annonce de l’indépendance mais plutôt le début de "discussions sérieuses avec Bagdad".

Initié par M. Barzani, ce référendum se tient non seulement dans la région autonome du Kurdistan (nord), qui comprend les provinces d’Erbil, Souleimaniyeh et Dohouk, mais aussi dans des zones disputées avec le gouvernement central irakien.

Une foule nombreuse s’est rendue dès l’ouverture dans les bureaux de vote des deux grandes villes à Erbil et Souleimaniyeh, ont constaté les journalistes de l’AFP.

A Souleimaniyeh, deuxième ville du Kurdistan, Diyar Omar, un employé de 40 ans, est venu voter en habit traditionnel kurde.

"Nous allons obtenir notre indépendance par les urnes et je suis très heureux d’être le premier", a-t-il affirmé à son arrivée au bureau de vote.

Des pays voisins comme la Turquie et l’Iran, inquiets de voir leurs minorités kurdes suivre l’exemple, ont aussi menacé de représailles. L’Iran a fermé ses frontières avec le Kurdistan à la demande du gouvernement de Bagdad, a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères. La Turquie allait elle aussi fermer sa frontière avec le nord de l’Irak, a annoncé le président Recep Tayyip Erdogan.

Les bureaux de vote sont ouverts jusqu’à 18H00 (15H00 GMT) pour permettre aux quelque 5,3 millions d’inscrits de se prononcer. Au total, 12.072 bureaux de vote ont été installés dans la région autonome du Kurdistan et dans les zones disputées.

Ainsi, dans la riche province pétrolière de Kirkouk et dans celle de Ninive, comme dans celles de Dyala et Salaheddine, au nord de Bagdad, plus de deux millions d’électeurs sont appelés à voter.

Le résultat ne fait aucun doute: les Kurdes, partagés entre l’Irak, la Syrie, l’Iran et la Turquie, n’ont jamais accepté le traité de Lausanne de 1923 les privant d’un État indépendant sur les dépouilles de l’empire ottoman.

Lors d’une conférence de presse dimanche dans sa capitale d’Erbil, Massoud Barzani s’est montré inflexible.

"Le partenariat a échoué avec Bagdad et nous ne le reprendrons pas. Nous sommes arrivés à la conviction que l’indépendance permettra de ne pas répéter les tragédies du passé", a-t-il martelé d’une voix calme mais ferme.

"Nous nous attendons à des réactions d’un côté ou de l’autre, mais (…) quel que soit le risque et le prix, c’est mieux que d’attendre un sombre destin", a-t-il argué.

Il a toutefois réaffirmé qu’une victoire du "oui" serait le début "d’un long processus" vers l’indépendance, se disant prêt à négocier avec Bagdad les frontières de son Etat.

Mais à Bagdad, le Premier ministre irakien a refusé le divorce.

"Prendre une décision unilatérale affectant l’unité de l’Irak et sa sécurité ainsi que la sécurité de la région (…) est contre la Constitution et la paix civile", a-t-il insisté.

Un peu plus tôt, l’Iran avait pris une première mesure de rétorsion en interdisant tous les vols avec le Kurdistan irakien.

Ankara avait déjà averti que les représailles auraient des volets "sécuritaire" et "économique". Et M. Erdogan a menacé lundi de stopper l’exportation du pétrole du Kurdistan irakien via la Turquie.

Bagdad avait demandé dimanche à tous les pays de ne traiter qu’avec lui pour toutes les transactions pétrolières.

Avec AFP

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